Élections américaines: ce que doivent surveiller les Québécois

Publié le 08/11/2016 à 11:56

Élections américaines: ce que doivent surveiller les Québécois

Publié le 08/11/2016 à 11:56

Par François Normand

La candidate démocrate, Hillary Clinton, et le candidat républicain, Donald Trump (source photo: Getty)

Aujourd'hui, les Américains élisent le prochain président ou présidente des États-Unis. Voici les principaux enjeux pour le Québec, et ce, peu importe le prochain locataire de la Maison-Blanche.

Pour allez plus en profondeur, lisez notre long reportage à ce sujet.

1. Préparez-vous à plus de Buy American et de Buy America

Le délégué général du Québec à New York, Jean-Claude Lauzon, se prépare à redoubler d'ardeur après les élections, car les États-Unis seront un pays plus protectionniste. «C'est une tendance mondiale qu'on ne voit pas uniquement aux États-Unis», précise-t-il.

Chez nos voisins, ce protectionnisme se manifestera probablement par une multiplication des clauses inspirées du Buy American et du Buy America.

Le pdg du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Yves-Thomas Dorval, est du même avis : «J'ai l'impression qu'on va assister à leur renforcement à cause du protectionnisme».

Le Buy American vise tous les achats de biens du gouvernement américain, mais il ne s'applique pas aux services. Le Buy America ne concerne que le transport public. Ces mesures peuvent donc limiter l'accès au marché américain à plusieurs entreprises canadiennes.

2. L'industrie de l'aluminium est épargnée... pour l'instant

Les producteurs d'aluminium du Québec ont eu des sueurs froides ce printemps. Le syndicat américain des Métallos a demandé à Washington d'imposer des tarifs de 50 % sur les importations d'aluminium. Les Américains ont reculé, mais l'onde de choc a été majeure ici.

La montée du protectionnisme aux États-Unis présente-t-elle un risque pour l'industrie québécoise ?

«Le risque est amoindri», affirme le président de l'Association de l'aluminium du Canada (AAC), Jean Simard. Selon lui, les Américains ont compris que l'imposition de tarifs sur les importations d'aluminium nuirait aux General Motors de ce monde, qui en utilisent de plus en plus pour construire leurs véhicules.

Bref, ce serait une décision irrationnelle, dit-il, sans exclure toutefois le pire des scénarios. «Il est toujours possible d'avoir des tarifs, même si cette décision n'est pas rationnelle.»

3. L'ALÉNA amendé?

Hillary Clinton et Donald Trump critiquent l'ALÉNA et le Partenariat transpacifique (PTP), dans un contexte où le Congrès est de plus en plus protectionniste.

«L'ALÉNA est remis en cause par les républicains», insiste Yves Thomas Dorval. C'est tout un revirement, car, traditionnellement, c'était plutôt la position des démocrates.

Éric Tétrault, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), croit qu'Hillary Clinton mettrait sans doute de l'eau dans son vin si elle est élue. «Je ne crois pas qu'elle va tourner le dos à l'ALÉNA.»

Pour sauver la face, Hillary Clinton pourrait par exemple tenter de convaincre le Congrès de modifier l'ALÉNA, comme l'avait fait son mari Bill en 1993, selon Earl Fry, ancien négociateur américain lors des négociations sur le libre-échange dans les années 1980, aujourd'hui professeur à l'Université Brigham Young, en Utah.

Bill Clinton avait fait ajouter deux accords parallèles à l'ALÉNA, qui portaient sur l'environnement et le droit du travail.

4. Vers une autre guerre du bois d'œuvre

Ce n'est qu'une question de temps avant que les exportations de bois d'œuvre canadiennes ne soient de nouveau restreintes aux États-Unis, selon le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), qui s'attend à une taxe d'environ 20 %.

«C'est beaucoup d'argent pour le Canada, souligne le président du CIFQ, André Tremblay. Au Québec, cela représente 250 millions de dollars annuellement. C'est assez inquiétant.»

Aussi, le CIFQ s'attend au pire après l'élection du 8 novembre. Washington nommera un nouveau négociateur en chef dans le dossier du bois d'œuvre - au Canada, ce sera l'ancien ambassadeur Raymond Chrétien. Cette nomination devra être approuvée par un Congrès de plus en plus protectionniste.

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