Les hausses des taux d'intérêt au Canada vont être plus tardives qu'aux États-Unis

Publié le 12/01/2015 à 11:15

Les hausses des taux d'intérêt au Canada vont être plus tardives qu'aux États-Unis

Publié le 12/01/2015 à 11:15

[Photo : Bloomberg]

L'accélération de l'économie va pousser la Réserve fédérale américaine à augmenter les taux d'intérêt au milieu de 2015, mais la réaction de la Banque du Canada à la croissance du PIB interviendra plus tard et sa cadence sera plus lente, dit Ben Homsy, membre de l'équipe des placements à revenu fixe de Leith Wheeler conseillers en placements, société établie à Vancouver.

Par Michael Ryval, auteur pigiste de Toronto se spécialisant dans les domaines du placement et des affaires.

« La Banque du Canada suivra la Fed avec environ six mois de délai, en décembre 2015 », prévoit Ben Homsy, dont la firme supervise environ 17 milliards de dollars (G$) d'actifs, dont 4 G$ de placements à revenu fixe. « Dans un premier temps, l'augmentation de part et d'autre sera de 25 points de base (pdb). Mais ce qui est plus important, c'est la question de la cadence des augmentations de taux. Nous pensons que les taux vont grimper lentement par rapport aux précédentes phases de resserrement. Nous prévoyons que la Fed aura augmenté ses taux d'intérêt d'un total de 275 pdb d'ici la fin de 2017, et que la Banque du Canada aura augmenté les siens de 175 pdb au cours de la même période. »

Originaire de Sydney en Australie, Ben Homsy compte 17 ans d'expérience dans les placements. Selon lui, la Banque du Canada sera prudente quant à la cadence de ses augmentations de taux pour trois raisons. D'abord, il maintient que le taux d'endettement des ménages est dissuasif pour la banque centrale et qu'en fait, c'est une reconnaissance tacite d'une sensibilité aux taux d'intérêt plus élevée qu'aux États-Unis.

« On a tendance à penser que l'économie américaine est plus endettée, ce qui fut le cas pendant les années qui ont mené à la crise financière, dit Ben Homsy. Toutefois, nous avons remarqué qu'un désendettement important était intervenu aux États-Unis, et que les familles s'employaient à rembourser leurs dettes et leurs hypothèques. Cela a ramené l'endettement en pourcentage du PIB à près des 80 %, alors qu'il était proche de 98 % en 2009. Ce désendettement ne s'est pas produit du tout au Canada. En fait, la Banque du Canada y fait allusion dans ses récents énoncés de politique.

Ben Homsy note que la dette des foyers canadiens en pourcentage du PIB a atteint presque 95 % alors qu'elle était de 90 % en 2009. « Nous considérons cela comme un risque, mais c'est l'une des raisons pour lesquelles il serait plus difficile pour la Banque du Canada d'augmenter les taux de manière aussi radicale que la Fed. »

De plus, Ben Homsy appelle notre attention sur la structure de la dette sous-jacente, qui tend à être constituée en majorité d'hypothèques, habituellement à plus courte échéance. En fait, de nombreuses hypothèques sont basées sur des taux variables. En revanche, les hypothèques américaines sont à long terme, ce qui permet une meilleure prévisibilité et une plus grande stabilité. « Ce qu'il faut savoir, c'est que la sensibilité aux changements de taux d'intérêt est plus élevée au Canada à cause de la structure des dettes sous-jacentes. »

La deuxième raison concerne le dollar canadien. Stephen Poloz, gouverneur de la Banque du Canada et qui dirigeait auparavant Exportation et développement Canada, ne cesse de réaffirmer que la banque centrale cible l'inflation, et pas le taux de change. « Toutefois, la Banque du Canada a aussi souligné l'importance du secteur des exportations dans la reprise de l'économie canadienne. Elle veut voir des créations d'emplois dans le secteur des exportations comme signe avant-coureur d'une hausse des taux d'intérêt », dit Ben Homsy.

« La meilleure façon d'aider le secteur des exportations est d'avoir un dollar canadien faible, dit Ben Homsy. Et la façon la plus efficace d'affaiblir la devise est une réduction de la différence des taux d'intérêt à court terme entre les États-Unis et le Canada. »

La troisième raison a trait au fait que le Canada soit davantage exposé aux économies mondiales et s'en remette aux exportations pour environ 30 % de son PIB, proportion qui est plus du double de celle des États-Unis. « Une économie mondiale plus forte aurait un impact positif plus grand sur la croissance canadienne, alors qu'une économie mondiale plus faible aurait un impact négatif plus grand », dit Ben Homsy qui, avant de se joindre à Leith Wheeler en 2014, a passé sept ans à Goldman Sachs et cinq ans à JPMorgan Chase, chargé dans les deux cas de la vente des fonds de couverture de devises.

« Quand on examine ce qui se passe ailleurs dans le monde, il y a des signes d'affaiblissement de la croissance en Europe, de ralentissement des économies émergentes comme la Chine, le Brésil et la Russie, et d'un succès mitigé au Japon, dit Ben Homsy. Notre économie est plus sensible à un contexte mondial défavorable que celle des États-Unis. » Par extension, ajoute-t-il, la Banque du Canada sera plus prudente avant de hausser les taux d'intérêt que la Réserve fédérale américaine.

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