Le tableau s'assombrit en Allemagne

Publié le 24/04/2013 à 08:29

Le tableau s'assombrit en Allemagne

Publié le 24/04/2013 à 08:29

Par AFP

La chute du moral des entrepreneurs allemands en avril est venue mercredi assombrir le tableau pour la première économie européenne, dont le rebond pourrait être hypothéqué par le marasme qui touche beaucoup de ses partenaires.

« Risques en hausse pour la croissance » pour Commerzbank, « revers » pour Berenberg Bank, « déception » pour Natixis: les commentaires des économistes témoignaient mercredi d'un scepticisme grandissant sur la capacité du pays se découpler d'une zone euro toujours embourbée dans la récession et d'une économie mondiale poussive.

Les entreprises allemandes sont « nettement plus réservées » que le mois précédent, a commenté l'institut Ifo. Les attentes pour l'avenir « ont encore reculé », précise l'Ifo, selon lequel « la conjoncture allemande marque une pause ».

La semaine dernière les perspectives étaient encore riantes: le Fonds monétaire international (FMI) avait rehaussé légèrement sa prévision de croissance pour cette année, les principaux instituts de recherche économique du pays évoquaient une reprise au printemps. C'était le message de la Bundesbank en début de semaine.

Signe de l'incertitude qui règne, il a suffi de quelques jours et deux indicateurs décevants pour qu'un « mauvais pressentiment » ne vienne s'installer, selon les mots de Heinrich Bayer, de Postbank, qui craint que « la reprise attendue de la conjoncture allemande ne repose sur des fondements moins solides qu'anticipé jusqu'ici ».

Or la santé de l'économie allemande est cruciale pour toute la zone euro, qu'elle tire depuis le début de la crise de la dette. Les soubresauts de la conjoncture allemande sont aussi scrutés comme étant potentiellement à même d'infléchir les positions de la chancelière Angela Merkel sur le cours à suivre en Europe - même si pour l'instant elle ne semble pas vouloir dévier de l'austérité.

Et enfin, notaient à l'unisson les commentateurs mercredi, tout signe d'assombrissement en Allemagne est un argument supplémentaire en faveur d'une baisse des taux par la Banque centrale européenne (BCE), une éventualité qui semble inéluctablement se rapprocher.

Les exportateurs pessimistes

Mardi l'indice PMI de l'activité privée en avril avait envoyé de premiers signaux inquiétants, avec une contraction en Allemagne pour la première fois depuis l'automne. Mercredi le baromètre Ifo est venu enfoncer le clou avec un recul conséquent (de 106,7 à 104,4 points) en deux mois, après quatre mois consécutifs de hausse.

Dans l'enquête de l'Ifo les professionnels du commerce de gros, c'est-à-dire les exportateurs, se sont montrés « nettement plus pessimistes » que le mois dernier à la fois dans leur appréciation de la situation actuelle et celle de leurs perspectives, relève l'institut.

La croissance allemande reste très tributaire de l'export, même si cette dépendance a diminué. Mais la zone euro est à la peine et « au deuxième trimestre, même les marchés en croissance n'ont pas généré de bonnes nouvelles », font remarquer les analystes de Dekabank.

Pour nombre d'experts toutefois il n'y a pas de raison de désespérer. L'économie allemande s'est incontestablement reprise après le recul du PIB au quatrième trimestre 2012, assure Carsten Brzeski de la banque ING, même si le mois de mars très froid a tempéré le rebond. « L'Allemagne est toujours en meilleure posture que la zone euro dans son ensemble », note Ben May, de Capital Economics.

« L'économie allemande croît, peut-être plus lentement que tout le monde l'avait espéré, mais elle croît », a assuré mercredi à Berlin Andreas Dombret, membre du directoire de la Bundesbank.

Andreas Rees d'Unicredit voit dans le recul de l'Ifo une correction après un optimisme peut-être exagéré des entrepreneurs à l'automne et pendant l'hiver, et mise sur une croissance « respectable » cette année. Mais reconnait que la pérennité du rebond allemand est « la question à un million d'euros ».

Jeudi le ministre de l'Economie Philipp Rösler doit actualiser la prévision de croissance pour cette année, et devrait selon des informations de presse relever très légèrement son pronostic de 0,4%.

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