Le grand mirage chinois

Publié le 26/03/2011 à 00:00, mis à jour le 05/04/2011 à 12:21

Le grand mirage chinois

Publié le 26/03/2011 à 00:00, mis à jour le 05/04/2011 à 12:21

10 %

Part des investissements immobiliers chinois par rapport au produit intérieur brut du pays. À titre de comparaison, cette part se chiffrait à moins de 6 % aux États-Unis au sommet de la bulle immobilière, en 2005, et à environ 9 % au Japon au sommet de sa bulle, en 1989.

Source : Citi

PIB américain 15 000 G$ US

PIB chinois 5 000 G$ US

PIB canadien 1 300 G$ US

Un pays plus endetté qu'on ne le croit

Plusieurs analystes prétendent que les importantes réserves du gouvernement chinois, estimées à 2 400 milliards de dollars américains (G$ US), réduisent les risques d'un désastre, le gouvernement ayant les moyens d'intervenir massivement. C'est vrai, mais seulement en partie. La Chine est plus endettée qu'on ne le croit. Selon l'agence de notation du crédit Fitch, le crédit privé en Chine a atteint 148 % du PIB, par rapport à 41 % en moyenne dans les autres pays émergents. Victor Shih, professeur à la Northwestern University, calcule que les organismes gouvernementaux locaux de financement ont accumulé 1 600 G$ de nouvelles dettes, de 2004 à 2009. En additionnant les dettes et les prêts non performants, M. Shih estime que la dette totale chinoise correspondait à 71 % du PIB à la fin de 2009 et qu'elle devrait atteindre 96 % en 2011.

Cela se compare à la dette des États-Unis, qui atteint 90 % du PIB, et même à celle de la Grèce (130 %). Les estimations de Victor Shih ne font pas l'unanimité et, étant donné la rareté des informations disponibles, elles demeurent des approximations. Elles indiquent toutefois que le bilan chinois est loin d'être aussi solide qu'on le croit généralement.

Uniquement en 2009, les emprunts chinois ont atteint 29 % du PIB. Au 20e siècle, seulement deux pays ont accumulé autant de réserves que la Chine actuellement, soit des réserves représentant 5 à 6 % du PIB mondial : les États-Unis dans les années 1920 et le Japon au cours des années 1980 ! " Pour les deux, cela s'est terminé dans les pleurs ", lance Niels Jensen.

Des maison très chères

" L'abordabilité immobilière a atteint des niveaux ridicules alors que des propriétés résidentielles se vendent à des prix représentant plus de 20 fois le revenu disponible à Beijing et à Shanghai, mentionne le gestionnaire Niels Jensen. Au sommet de l'immobilier à Tokyo, ce ratio était de 8 fois le revenu disponible, le sommet aux États-Unis étant à seulement 6,5 fois ; pour la Chine dans son ensemble, c'est supérieur à 8,2 fois. "

Quand on dit qu'une maison à Beijing se vend plus de 20 fois le revenu discrétionnaire moyen du Chinois, cela signifie qu'une fois que l'acheteur a payé ses impôts, il lui faudra plus de 20 ans de salaire pour payer sa maison.

En 2009, la Chine a investi 10 % de son PIB dans l'immobilier par rapport à 8 % en 2007. Le Japon, au sommet de sa bulle, n'a jamais dépassé 9 % et les États-Unis, 6 % !

Un gouvernement corrompu

Une des grandes différences entre la Chine et les autres puissances mondiales est le rôle du gouvernement. Selon Vitaliy Katsenelson, il est impossible de gérer de façon centrale une économie de la dimension de celle de la Chine. Selon lui, qui dit immense présence gouvernementale dit imposante bureaucratie qui provoque une importante corruption. Et le résultat final est une mauvaise répartition des ressources.

Par exemple, Edward Chancellor, gestionnaire pour GMO, une firme américaine spécialiste des obligations, mentionne qu'en 2009, l'industrie du ciment en Chine fonctionnait à seulement 78 % de sa capacité. Pour atteindre ses objectifs de croissance, le gouvernement a augmenté ses investissements en immobilisation de 60 % dans ce secteur.

M. Chancellor n'hésite pas à parler de bulle pour décrire la situation chinoise. " Le système économique de la Chine n'est pas supérieur au nôtre, son gouvernement a seulement plus de contrôle sur son économie. "

À bien des égards, l'économie chinoise est devenue une pyramide risquée, selon M. Chancellor. Ainsi, les projets d'infrastructures sont financés par des prêts bancaires et des dons de terrains par les gouvernements locaux qui, eux, se financent en vendant des terrains. Les banques chinoises peuvent contourner les restrictions de crédit en titrisant des prêts aux promoteurs immobiliers pendant que les sociétés d'État gonflent leurs profits en spéculant dans le secteur immobilier. Une baisse des valeurs immobilières ou encore des restrictions plus sévères touchant le crédit pourraient provoquer l'écroulement de cette pyramide.

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