La volatilité reprend ses droits sur les marchés

Publié le 01/06/2018 à 08:11

La volatilité reprend ses droits sur les marchés

Publié le 01/06/2018 à 08:11

Par AFP

Souvent associée aux peurs qui agitent les marchés, comme actuellement autour de l'Italie, la volatilité est réapparue en 2018, mais les acteurs financiers y voient un retour à la normale bienvenu après l'apathie inquiétante de l'an dernier.

La volatilité, exprimée en pourcentage, mesure l'ampleur des mouvements d'une action par exemple, ou de n'importe quel autre actif financier, à la hausse ou à la baisse. Un titre peut être très volatil sans que son prix ne bouge beaucoup pour autant et inversement.

Intrinsèquement liée au fonctionnement des marchés, elle est une jauge de leur nervosité. Dans un portefeuille de titres, elle sert à traduire le degré de risque qu'un investisseur est prêt à prendre.

«Si les marchés étaient parfaitement efficients, elle serait inexistante», mais dans les faits elle a toujours été présente, explique à l'AFP Vincent Juvyns, un stratégiste de JPMorgan AM.

Son représentant vedette est le Vix américain qui mesure la volatilité sur l'indice phare de la Bourse de New York, le S&P 500. Et son surnom d'«indice de la peur» reflète les angoisses auxquelles la volatilité est souvent assimilée.

Selon les calculs effectués par plusieurs experts, depuis 1900 sur le S&P 500, la volatilité moyenne, et du coup considérée comme habituelle, se situe entre 15 et 20%.

«Il y deux régimes: des périodes de volatilité forte pendant lesquelles toutes les nouvelles informations ont tendance à créer de grands mouvements. Et des moments de volatilité faible où les événements sont absorbés de façon plutôt sereine», analyse Isabelle Mateos y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

«Depuis le début de l'année, elle se situe aux alentours de 18%, ce qui constitue un retour à la normale», ajoute-t-elle.

«C'est le changement de régime en 2018 qui a généré des inquiétudes, par comparaison à celle de l'an passé, qui s'est établie à 6,6%. La volatilité n'a été plus basse que deux fois depuis 1900, en 1928 et en 1964», souligne Jacques Henry, responsable multi actifs chez Pictet Wealth Management.

Une histoire de dinde

Cet outil de mesure est devenu lui-même une classe d'actifs générant des paris sur des hausses ou des baisses de volatilité au milieu des années 2000.

«Le plus courant est de se positionner sur une baisse de la volatilité, ce qui, lorsque le marché est calme peut rapporter de belles primes. Par contre, si la volatilité augmente d'un coup, les pertes peuvent être lourdes, comme en 2008 pour les hedge funds» (fonds d'investissements non cotés spéculatifs, ndlr), détaille Vincent Cassot, Responsable Stratégie Dérivés Actions chez Société Générale CIB

«Mais, poursuit-il, comme le marché a souvent la mémoire courte, que nous sommes dans un cycle économique atypique marqué par une très longue présence des banques centrales et que depuis 2011 la volatilité a naturellement rebaissé, ces stratégies ont repris leur essor ensuite».

Cette configuration et l'apparente simplicité du Vix ont même attiré vers ce monde de spécialistes des particuliers complètement étrangers aux marchés aux États-Unis, devenus riches du jour au lendemain... jusqu'à la douche froide de février 2018.

Après un mauvais chiffre d'inflation aux États-Unis, les marchés boursiers américains ont décroché et la volatilité est montée en flèche.

«Il y avait un excès de positionnement sur une baisse de la volatilité, cela a du coup créé un choc», relate M. Cassot.

«L'indice S&P 500 a reculé très rapidement de 10%, mais les produits liées à une baisse de la volatilité ont perdu entre 85 et 97% de leur valeur», précise M. Henry.

«Au final la correction n'a pas été énorme sur les marchés boursiers, mais cela a été un coup de semonce. Beaucoup de gens qui n'auraient peut-être pas dû être exposés à la volatilité n'y sont plus, et le marché de la volatilité à court terme est plus sain», complète M. Cassot.

Cette épisode a surtout rappelé que «l'absence de volatilité n'est pas synonyme d'absence de risque», remarque Didier Saint-Georges, membre du comité d'investissement chez Carmignac.

Et de raconter «l'histoire d'une dinde choyée tous les jours dans son poulailler. Au fil du temps elle développe la vision d'un monde stable et prévisible... qui s'effondre brutalement à la veille de Noël».

 

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