La diversification internationale a retrouvé son caractère essentiel


Édition du 18 Janvier 2014

La diversification internationale a retrouvé son caractère essentiel


Édition du 18 Janvier 2014

Par Thomas Cottendin

«Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier», dit l'adage. Bien que le concept de diversification de portefeuille ait été bafoué par la crise financière de 2008, s'aventurer en territoire étranger est redevenu un impératif pour les investisseurs canadiens, estiment les experts consultés par Les Affaires.

Lors de la crise de 2008, les investisseurs ont constaté que les indices boursiers de la planète évoluaient tous dans la même direction, rendant la diversification de portefeuille désuète. Depuis, le vent a tourné. En 2013, tandis que les indices MSCI USA et MSCI World s'étaient respectivement appréciés de 29,85 % et de 24,10 %, l'indice MSCI Canada n'avait enregistré qu'une modeste hausse de 3,3 %.

«En tenant compte des dividendes, un portefeuille surtout investi au Canada aurait enregistré un rendement inférieur d'environ 20 % à celui d'un portefeuille américain», constate Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins. Par conséquent, la diversification internationale «est au coeur de ce que les investisseurs doivent faire».

Mark Bayko, vice-président et conseiller en placement chez RBC Dominion valeurs mobilières, souligne que la diversification internationale est cruciale pour les investisseurs canadiens, compte tenu de la forte concentration de la Bourse de Toronto dans les ressources et dans les financières, qui représentent jusqu'à 70 % de l'indice S&P/TSX.

«Les places étrangères sont plus diversifiées, dans des créneaux tels que la santé, la technologie et le commerce de détail», dit-il.

Michel Doucet est du même avis et fait référence à «un monde de solitude» pour qualifier la Bourse canadienne, où le choix des investisseurs se limite aux financières et aux minières. «Les financières ont bien performé en 2013, mais les matières premières sont dans un bear market.» Cela explique pourquoi la Bourse de Toronto a fait du surplace.

Pendant ce temps, la plupart des marchés développés ont eu des rendements supérieurs à ceux du Canada, car ils sont exposés aux secteurs de la consommation et de la santé, qui ont augmenté, observe Mark Bayko.

«Ces secteurs restent très intéressants», poursuit-il. À long terme, les consommateurs des pays émergents devraient stimuler la croissance de la demande pour les produits de consommation, tandis que le secteur américain des soins de santé profitera des changements liés à l'Obamacare, prévoit-il.

Favorisez les États-Unis et l'Europe

Les États-Unis demeureront la locomotive du monde, dit Michel Doucet. Cette vision est partagée par Hélène Paradis, conseillère en placement chez Gestion de patrimoine TD, qui recommande de surpondérer les titres américains, soit de leur accorder une place importante dans le portefeuille, car elle prévoit un rendement d'environ 10 % pour l'indice S&P 500 cette année.

Mme Paradis anticipe un peu plus de volatilité au cours de la première partie de 2014, alimentée par la diminution du programme de rachats d'obligations de la Réserve fédérale américaine. Elle juge néanmoins cette situation comme salutaire pour l'investisseur, qui pourrait en profiter pour acheter à meilleur prix.

Jean-Pierre Couture et Jean-René Adam, membres de l'équipe de Hexavest, un gestionnaire montréalais partisan de l'approche à contre-courant, sont d'un autre avis. «Nous pensons que le marché américain est très dispendieux actuellement», dit M. Adam, vice-président marchés nord-américains. «Mais nous misons sur une hausse du dollar américain.» Pour cela, l'expert recommande d'acheter des bons du trésor américain, afin de profiter de la baisse prévue du huard et du différentiel des taux d'intérêt des banques centrales qui joue en faveur des États-Unis.

Pays émergents : avis partagés

Quant aux pays émergents, vers lesquels se sont rués les investisseurs en 2010-2011, ceux-ci représentent actuellement un «défi», dit Michel Doucet. L'économie chinoise tourne au ralenti et «on ne verra pas de grande accélération [en 2014]», estime Mark Bayko. Hélène Paradis recommande aussi la prudence à l'égard des titres des pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Toutefois, parce que les marchés émergents semblent délaissés par les investisseurs, Jean-Pierre Couture, stratège marchés émergents de Hexavest, s'enthousiasme. «Il y a un écart d'évaluation entre les marchés développés et émergents que nous n'avions pas vu depuis 10 ans.» M. Couture pense donc que les pays émergents retrouveront de leur lustre au cours des prochaines années.

Parmi les pays développés, les marchés européens regagnent la faveur des investisseurs. Nos experts remarquent que les titres européens sont meilleur marché que les actions américaines. «Le ratio des titres européens est au niveau de celui des actions américaines en 2010-2011», dit Mme Paradis, ce qui laisse présager un rattrapage des titres européens. Enfin, les titres japonais peuvent encore receler du potentiel, malgré un bond de près de 57 % en 2013, dit Michel Doucet.

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