La crise européenne coûtera 10 milliards $ au Canada

Publié le 18/01/2012 à 18:45

La crise européenne coûtera 10 milliards $ au Canada

Publié le 18/01/2012 à 18:45

Par La Presse Canadienne

La crise des dettes souveraines en Europe aura des répercussions coûteuses au Canada, a indiqué mercredi la Banque du Canada, estimant qu'elle devrait se traduire par une perte de 0,6 pour cent de la production économique cette année, soit environ 10 milliards $.

Les coûts pour les économies mondiale et américaine sont encore plus importants, s'établissant à plus d'un pour cent du produit intérieur brut et 0,8 pour cent respectivement.

C'est la première fois que la Banque du Canada tente chiffrer les répercussions de la crise que connaît la zone euro et l'exercice démontre que les réalités canadienne et mondiale seraient grandement différentes si ce n'était de l'Europe.

La banque centrale estime que, si la crise n'existait pas, l'économie canadienne vaudrait environ 10 milliards $ de plus à la fin de l'année, avec des effets bénéfiques subséquents sur à peu près tout, qu'il s'agisse de l'emploi, des salaires, des bénéfices des entreprises et des positions fiscales du gouvernement.

"Jusqu'à maintenant, le principal effet des tensions en Europe sur les conditions financières mondiales a été une perte d'appétit généralisée pour les actifs risqués", a indiqué dans ses plus récentes perspectives trimestrielles le conseil de direction de la Banque du Canada, dirigé par le gouverneur Mark Carney.

"Au cours de la période de projection, toutefois, on s'attend à ce que les retombées s'étendent et qu'elles se matérialisent par une aggravation des difficultés de financement, une érosion de la confiance et un resserrement de l'offre de crédit", poursuit le document.

"La détérioration des conditions de financement, en particulier, devrait pousser les banques à restreindre l'accès au crédit des ménages et des entreprises en Europe et aux États-Unis, ce qui donnerait un coup de frein supplémentaire à la croissance économique."

L'impact de la crise européenne sur le Canada est moindre que celui sur les États-Unis et sur le monde en général, en raison de l'exposition limitée du secteur bancaire aux banques européennes et aux dettes souveraines. En outre, les institutions financières canadiennes restent en bonne santé et sont toujours en position d'effectuer des prêts.

Mais la banque centrale note que le Canada sera néanmoins touché de façon indirecte par les conditions générales de financement, la confiance des consommateurs et des entreprises et la faiblesse des cours des matières premières _ une composante essentielle des échanges sur les marchés financiers du pays.

L'Europe, quant à elle, encaissera plus durement le coup. La banque s'attend maintenant à ce que les pays de la zone euro soient en récession pour les quatre prochains mois.

La croissance mondiale devrait aussi ralentir à environ 2,9 pour cent cette année, a noté la Banque du Canada, dont les attentes semblent plus roses que celles de la Banque mondiale, qui entrevoit une croissance mondiale de 2,5 pour cent pour 2012.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a exprimé mardi sa frustration par rapport au fait que les leaders européens n'avaient toujours pas réussi à mettre en place les mesures politiques nécessaires pour s'assurer que les problèmes liés à la dette ne se répandent aux marchés du crédit mondial. Selon des analystes, si cette situation devait se présenter, les conséquences seraient semblables à celles de la chute de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers à l'automne 2008 _ un gel du crédit dans plusieurs économies avancées, qui pourrait entraîner une deuxième récession mondiale.

"Nous suivons cette situation européenne et participons aux discussions depuis deux années complètes et il n'y a toujours pas de solution. Cela représente un danger pour l'économie américaine, le système bancaire américain et notre économie aussi", a dit M. Flaherty.

La Banque du Canada a clairement indiqué dans son plus récent rapport sur la politique monétaire qu'il considérait que les risques de voir une contagion des problèmes financiers européens avaient augmenté, plutôt que diminué.

C'est la principale raison expliquant pourquoi les prévisions de croissance de la banque ont été révisées à la baisse pour les quatre prochains trimestre, à partir de ce mois, par rapport à ses prévisions précédentes, réalisées en octobre. 

Sur l'ensemble de l'année, l'économie devrait croître en moyenne de deux pour cent, a estimé mercredi la banque centrale.

Même si la croissance moyenne de 2012 est légèrement plus élevée que prévu, cela est seulement attribuable à la vigueur inattendue de la fin de l'année 2011, qui fait en sorte que l'économie début l'année sur une meilleure note.

"La Banque estime toujours qu'en raison de ces vents contraires, l'économie au pays ne progressera qu'à un rythme modeste en 2012, après quoi la croissance devrait se raffermir à la faveur d'une amélioration de la conjoncture mondiale."

Dans l'ensemble, l'économie ne devrait pas fonctionner à pleine capacité avant le troisième trimestre de 2013.

Mais l'institution avertit en outre que ses prévisions présument que l'Europe sera capable de contenir la crise qu'elle connaît, une éventualité qui est encore loin d'être certaine et qui met la confiance de la banque à rude épreuve, selon sa propre admission.

La banque a reconnu mardi que la faiblesse de son taux d'intérêt directeur, qu'elle a maintenu à un pour cent, risquait d'encourager les Canadiens à s'endetter encore davantage, particulièrement sur le marché de l'habitation.

Mais le rapport de mercredi voit un bon côté à ce que la banque considère généralement comme un important problème. Même si l'économie est faible, elle le serait encore davantage si le marché de l'habitation n'était pas si fort et si les consommateurs n'achetaient pas autant. Le logement et la consommation représentent 70 pour cent de la croissance économique cette année.

"L'investissement résidentiel restera solide, en raison du dynamisme plus marqué que prévu qu'il a affiché durant le second semestre de l'année dernière et des conditions de financement hypothécaire avantageuses", a indiqué la banque centrale.

À la une

OpenAI dévoile GPT-4o, son nouveau modèle d'IA générative

Mis à jour il y a 22 minutes | AFP

GPT-4o permet au chatbot d'interagir avec ses utilisateurs comme un assistant vocal ultra perfectionné.

L'Intelligence artificielle: les deux côtés de la médaille

OPINION. Il est essentiel pour tout dirigeant de bien comprendre les risques avant de se lancer dans l’IA.

IA: Québec accorde 8M$ au consortium IVADO

Mis à jour à 09:58 | La Presse Canadienne

«Pour maintenir notre leadership en IA au Québec, il faut intégrer cette technologie dans nos entreprises et nos PME.»