Canada-UE : entrevue avec Pierre Marc Johnson

Publié le 18/11/2009 à 07:32

Canada-UE : entrevue avec Pierre Marc Johnson

Publié le 18/11/2009 à 07:32

L’ancien premier ministre du Québec, Pierre Marc Johnson. Photo : LesAffaires.com

L’Accord économique et commercial auquel aspirent le Canada et l’Union européenne (UE) a beau être ambitieux aux yeux de nombreux observateurs, il n’en demeure pas moins essentiel pour l’avenir économique du Québec.

C’est l’avis qu’a exposé mardi, l’ancien premier ministre du Québec, Pierre Marc Johnson, devant les membres du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Avocat du cabinet Heenan-Blaikie, M. Johnson agit depuis le printemps à titre de négociateur en chef du Québec dans le cadre des négociations devant mener à un Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’UE. Ces discussions ont débuté en mai à l’occasion du Sommet Canada-UE, à Prague.

Visionnez l'entrevue de LesAffaires.com avec Pierre Marc Johnson

Un environnement transformé

Depuis 2000, a-t-il expliqué, les exportations du Québec vers les États-Unis - de loin son principal partenaire commercial- ont plafonné, pour décroître ensuite à leur niveau d’il y a dix ans.

En 1998, par exemple, les exportations du Québec vers le sud atteignaient une valeur de 47,9 milliards. Elles ont grimpé à 52 G$ en 1999, puis à 63,5 G$ en 2000, pour ensuite redescendre. En 2008, nos exportations  avec les États-Unis se sont élevées à seulement 51 G$, en baisse de 7,6% par rapport à 2007, et de 20% par rapport à leur sommet de 2000.

Pour le négociateur en chef, cette situation s’explique par une série de facteurs. Celui, entre autres, de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui s’atténue. Celui aussi de la concurrence féroce de marchés émergents, dont celui de la Chine au premier rang. Depuis 2007, rappelle douloureusement M. Johnson, c’est ce pays d'Asie qui est devenu le principal partenaire commercial des États-Unis.

Les mesures qui ont suivi les événements de septembre 2001, le Buy America Act, l'actuelle crise économique et la dévalorisation de la monnaie américaine lui servent aussi d'explications.

Hausse annuelle de 12,6%

C'est dans ce contexte de changement important de l'environnement économique du Québec, que les négociations en vue de la signature d'un nouvel Accord économique et commercial global avec l'Union européenne sont devenues non seulement importantes, mais nécessaires, selon l'ex-premier ministre québécois.

Car, illustre-t-il, alors que les échanges avec les États-Unis continuent de décroître (pas moins de 30% de baisse au cours des huit premiers mois de 2009), les échanges avec d'autres pays croient. On observe entre autres une augmentation des exportations vers la Chine, bien sûr, mais également vers l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. 

Résultat: les exportations du Québec vers l’UE sont en nette croissance. Un taux de croissance annuelle moyen de 12,6% entre 2004 et 2008. Tant et si bien que pour les neuf premiers mois de 2009, pour chaque cinq dollars exportés aux Etats-Unis, un dollar est exporté vers l'Europe. Dans l'industrie de l'alluminium, par exemple, les exportation sont passées de 45 G$ en 2004 à 623G$ en 2008.

Un défi de taille; un agenda serré

À l'évidence, les entreprises québécoises ont élargi leurs horizons. Mais encore aujourd'hui, les obstacles demeurent nombreux. À titre d'exemple, en 2008, les principales entreprises exportatrices ont dû défrayer collectivement quelque 85 M$ en seuls droits de douane. C'est ce genre de problèmes que les parties tenteront d'amoindrir au cours des prochains mois.

Le défi est de taille. On le réalise, en particulier,  en faisant le compte du nombre de juridictions impliquées dans les discussions; 27 en Europe et 12 du côté du Canada, précise Pierre Marc Johnson.

Ensuite, lorsqu’on mesure le nombre de sphères d’activités que les deux signataires souhaitent inclure dans les négociations. Au-delà du simple libre-échange des biens et services, on souhaite que cet accord aborde aussi les questions de mobilité de main-d’œuvre, des marchés publics, des investissements et de développement durable, notamment.

Une première rencontre en terre canadienne a eu lieu à Ottawa en septembre. La prochaine, à Bruxelle cette fois, aura lieu à la mi-janvier. Si tout se déroule comme prévu, elles mèneront à une ratification d’accord aussi rapidement qu’à la fin de 2011.

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