(Photo: Bloomberg)

Bank of America a renoué avec les bénéfices au troisième trimestre, tandis que Wells Fargo, pénalisée par la faiblesse continue des taux aux États-Unis, suscite les inquiètudes.

La première a dégagé un bénéfice net trimestriel de 4,5 milliards de dollars, contre une perte nette de 232 millions un an plus tôt, en raison d'une amende record de 16,65 milliards de dollars pour ses pratiques jugées illicites dans les crédits immobiliers à risque (subprime) à l'origine de la crise financière.

Le recul du chiffre d'affaires (20,91 milliards de dollars, -2,4%) était attendu, après que BofA eut prévenu qu'elle se désengageait des activités jugées risquées et celles qu'elle considérait comme non stratégiques.

À l'inverse, Wells Fargo a envoyé des signaux alarmants. Sa marge d’intérêt nette (la différence entre ce que lui coûte l'argent qu'elle emprunte et le prix qu'elle en tire lorsqu'elle le prête par la suite aux consommateurs et aux entreprises) a encore baissé, à 2,96%, contre 3,06% un an plus tôt. C'est la deuxième fois après le deuxième trimestre (2,97%) qu'elle est en dessous du seuil symbolique de 3% depuis 1990.

Ceci confirme que le statu quo monétaire aux États-Unis, où les taux sont proches de zéro depuis 2008, fait mal à l'établissement, premier fournisseur de prêts et première banque de dépôts du pays.

Également inquiétant, Wells Fargo a indiqué mercredi avoir observé une détérioration des crédits accordés aux entreprises du secteur énergétique. En gros, nombre de groupes américains s'étant lancés dans l'exploration des gaz et pétrole de schiste vont avoir du mal à rembourser les prêts qu'elle leur a accordés.

Elle a ainsi presque doublé en un an l'enveloppe mise de côté pour couvrir d'éventuels impayés provenant de ces clients déstabilisés par la chute des prix du pétrole. cette réserve est désormais à 703 millions de dollars, contre seulement 300 millions au deuxième trimestre. Les crédits accordés au secteur énergétique représentent 2% du portefeuille de prêts de Wells Fargo, dont l'emblème, une diligence, rappelle son histoire remontant à la conquête du Far West.

Économies 

À Wall Street, les investisseurs ont choisi d'ignorer la progression du bénéfice net trimestriel (+1,22% à 5,80 milliards de dollars) et du chiffre d'affaires (+3,3% à 21,9 milliards). L'action Wells Fargo reculait de 1,20% à 51,23 dollars vers 10H30.

Contrairement à ses rivales, la banque de San Francisco ne parvient pas à accélérer ses réductions de coûts, qui n'ont diminué que de 5,34% à 12,4 milliards de dollars, contre 31% à 13,81 milliards chez Bank of America.

Cette dernière a, par exemple, supprimé 14 000 emplois (-6,2%) en un an et n'emploie plus que 215 200 personnes contre 300 000 à son pic en 2009 après le rachat de la banque d'affaires Merrill Lynch.

BofA, qui a fait des économies la pièce maîtresse de sa stratégie alors que les régulateurs lui demandent de renforcer ses fonds propres, taille aussi dans son réseau, qui a été réduit de 4,2% à 4 741 agences 

Sur le trimestre, la banque de Charlotte (Caroline du nord) a surpris en annonçant un recul de seulement 4% des recettes générées par les activités spéculatives, soit moins que les 5% redoutés par son patron il y a quelques semaines. Et c'est aussi bien moins que le recul de 15% observé mardi chez JPMorgan Chase.

«Les éléments clés de notre activité - les dépôts et les prêts aussi bien aux particuliers et aux entreprises - sont bien orientés ce trimestre et nos activités dans le 'trading' pour le compte de nos clients restent assez stables dans des conditions de marchés difficiles», a résumé le PDG Brian Moynihan, qui a réussi à conserver en septembre ses larges pouvoirs suite à un bras de fer ultra médiatisé avec des fonds de pension actionnaires.

Le titre BofA, qui a été le plus maltraité du secteur bancaire depuis janvier, gagnait 1,62% à 15,78 dollars vers 10H30.