Où est la prime valeur ?


Édition du 09 Mars 2016

Où est la prime valeur ?


Édition du 09 Mars 2016

[Photo : Bloomberg]

L'année 2015 s'est révélée morose pour plusieurs investisseurs ; encore plus pour ceux qui sont en quête de la prime valeur sur leurs actions1. Au Canada, l'indice MSCI Valeur a reculé de 5,7 % de plus que celui de croissance. Soit ; mais peut-on parler d'une prime valeur sur les actions canadiennes quand elle n'est que de 34 points de base sur 10 ans ?

Les Américains se posent la même question. En 2015, le Russell 1000 Value Index a eu un rendement inférieur de 9,5 % à celui de l'indice comparable de croissance, le Russell 1000 Growth (en devise locale) : le pire écart en sept ans. Les résultats de la dernière année font en sorte que les actions valeur ont moins bien performé que celles de croissance sur les périodes de 1, 3, 5, 10 et 13 ans : n'est-ce pas là du long terme ?

Weston Wellington, de Dimensional, en convient, mais il rappelle que ce n'est pas la première fois que la prime valeur est négative sur une longue période2. Au milieu des années 1990, même si les actions valeur procuraient des rendements positifs, le cours boursier des titres de croissance montait en flèche ; surtout dans le secteur des technologies. À la fin de 1998, le Russell 1000 Growth battait à plate couture le Russell 1000 Value sur toutes les périodes, même sur 15 et 20 ans. La pression était forte sur les gestionnaires et les investisseurs de l'approche valeur pour qu'ils se débarrassent des titres de la vieille économie, car l'avenir appartiendrait à ceux de la nouvelle économie (dont Yahoo : + 743 %). Ils n'étaient pas au bout de leurs peines ! En 1999, l'indice de croissance a surpassé celui de valeur de 26 %, leur écart le plus important. Aux États-Unis, il en a été ainsi jusqu'en mars 2000. Face à de tels résultats, on pouvait s'attendre à ce que les actions valeur ne s'en remettent jamais ! Pourtant, cela n'a pris qu'un an.

La bulle techno éclata. Dès novembre 2000, l'indice valeur affichait des rendements légèrement supérieurs à celui de l'indice de croissance depuis leur création en 1979, soit sur 21 ans et 11 mois ! En l'espace des 10 mois menant à la fin de février 2001, les actions valeur avaient un écart positif de 40 % par rapport à celles de croissance et les surclassaient sur toutes les périodes. Le renversement a été dramatique, se rappelle Weston Wellington.

Qu'en retenir?

Peut-on encore espérer profiter de la prime valeur ? Oui. Les années de la bulle techno n'ont pas été la seule période prolongée durant laquelle les actions valeur n'ont pas livré leur prime ; cela a aussi été observé, à un moindre degré, pour une période se terminant à la fin de 1991.

De même, les actions de sociétés à petite capitalisation, dont la prime est aussi documentée, ont connu des périodes prolongées de sous-performance par rapport à celles des grandes capitalisations, notamment de 1995 à 1999. Dans les 18 mois qui ont suivi, l'écart négatif a été récupéré, ramenant une prime positive aux petites capitalisations de 1,6 % par année, de 1995 à 2001.

Tout cela devrait inciter les investisseurs valeur et les adeptes des petites capitalisations à patienter. Des changements rapides peuvent survenir sur de courtes périodes et modifier complètement l'appréciation que vous avez de ces titres et de leurs données historiques.

Experte invitée

Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK) Pl. Fin. et conseillère en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L. Elle est l'auteure du livre Votre retraite crie au secours.

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