La chute du propriétaire de Télétoon, Corus, est-elle une occasion ou un piège?

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Publié le 26/01/2018 à 15:44

La chute du propriétaire de Télétoon, Corus, est-elle une occasion ou un piège?

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Publié le 26/01/2018 à 15:44

Par Dominique Beauchamp

Une nouveauté au programme de Télétoon, les 3 amigonautes. (Corus)

Il est rare de voir une entreprise de l’envergure de Corus Entertainment (CJR.B, 8,29$) perdre 700 millions de sa valeur en deux courtes semaines.

C’est pourtant ce qui est arrivé au bras média de la famille Shaw de Calgary dont l’action a subitement plongé de 32% entre les 3 et 19 janvier, après des résultats décevants qui ont ranimé les craintes entourant le déclin de la publicité télévisée traditionnelle.

Pris de cours par la baisse inattendue de 4% des revenus de publicité télévisée au premier trimestre, au moins cinq analystes ont charcuté leurs cours cible pour le diffuseur des chaînes YTV, Télétoon , Historia et W d’une fourchette de 11 à 16$ à une autre de 8 à 11$.

Il faut dire qu’avant ce premier trimestre de 2018, le propriétaire de 45 chaînes télé spécialisées avait enfilé cinq bons trimestres de revenus croissants ou stables, ce qui donnait l’impression qu’il résistait bien au déplacement numérique de la publicité grâce à de bonnes cotes d’écoute et à des gains de part de marché.

Petit rebond de 4%: les chasseurs d’aubaines sont rares

Depuis le creux de 7,96$ touché le 19 janvier, l’action s’est ressaisie de 4%.

Bien que certains des nouveaux cours cibles soient porteurs de regain potentiel de 33 à 40%, aucun des analystes n’a officiellement rehaussé sa recommandation pour le titre de Corus.

Neuf des dix analystes qui assurent le suivi de Corus se contentent de suggérer de conserver le titre. Le dixième en recommande encore la vente.

Au cours actuel, s’échange à des multiplies déprimés de 8,3 fois ses bénéfices prévus en 2018 et de moins de 0,7 fois sa valeur comptable, tandis que son dividende annuel de 1,14$ versé chaque mois procure un rendement de 13,7%.

Corus est encore bien rentable, avec une marge d’exploitation de 39% au premier trimestre, ce qui d’habitude fait émerger des chasseurs d’aubaines classiques, mais les analystes craignent plutôt que la société torontoise ait frappé un mur, comme tant de médias avant elle.

«À l’ère de YouTube et de Netflix, les réductions de coûts peuvent atténuer la pression de la baisse des revenus et gagner du temps, mais ce n’est pas une solution durable», soutient Phillip Huang, de Barclays Capital.

Le dividende élevé est à risque

Plusieurs analystes croient aussi qu’il est inévitable que la société réduise son dividende, étant donné son endettement élevé.

«Le dividende a longtemps été considéré sécuritaire en raison des flux de trésorerie solides, mais si le déclin du bénéfice d’exploitation devient la réalité pour Corus, la part de flux de trésorerie qu’elle verse en dividende pourrait grimper à 100 % d’ici deux ans», précise M. Huang.

Il recommande de vendre le titre pour lequel il a un cours cible de 8$.

«Les flux de trésorerie de 380M$ prévus en 2018 sont suffisants pour payer le dividende de 220M$, et pour rembourser des dettes dues de 106M$, mais rappelons que 25M$ des flux proviennent de contrats swaps sur les taux», note Jeff Fan, de Banque Scotia, laissant entendre que la marge de manœuvre diminue.

La rentabilité de Corus est très sensible à ses revenus, à cause de sa structure élevée de coûts. La diminution prévue de 30M$ des revenus en 2018 diminuera son bénéfice d’exploitation de 40M$, en 2018, estime M. Fan. En 2019, cette ponction atteindrait 60M$, projette-t-il déjà.

L’action de Corus est tombée près de son nouveau cours cible de 8,50$.

Chez RBC Marchés des capitaux, Drew McReynolds prévient que les Jeux olympiques d’hiver et la Coupe du monde de football en juin draineront la publicité des chaînes de Corus.

«Nous respectons les engagements de la société de maintenir son dividende après l’achat de Shaw Média, mais un dividende réduit l’aiderait à réduire sa dette et à investir encore plus dans ses outils numériques pour mieux combattre le déclin de la publicité télévisé», avance-t-il.

À l’approche de 2019, Corus pourrait couper son dividende de moitié, par mesure de prudence, croit Vince Valentini, de TD Valeurs mobilières, qui ne recommande plus l’achat du titre.

Au cours actuel, un dividende réduit de moitié procurerait encore un rendement inhabituel de 6,8%, ce qui en dit long sur la perte de confiance des financiers dans les perspectives du diffuseur.

Chez Montrusco Bolton, le gestionnaire John Goldsmith préfère passer son tour malgré les multiples d’évaluation attrayants parce que Corus ne rencontre tout simplement pas ses critères de placement.

«Nous exigeons un rendement du capital investi d’au moins 10% de nos titres de croissance de qualité. Celui de Corus est de 6,7%. De plus, ses revenus et son bénéfice d’exploitation par action ont baissé depuis 12 mois», précise le chef des actions canadiennes.

Stephen Takacsy, de Gestion d’actifs Lester, qui aime ramer à contre-courant, est prêt à patienter. Il croit toujours que la société améliorera ses revenus de publicité grâce à ses nouveaux outils qui permettent de mieux mesurer et de donner de la valeur à ses auditoires.

 

 

 

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