«L'évaluation de Baytex est très attrayante» – Eric Nuttall, gestionnaire de portefeuille chez Ninepoint Partners


Édition du 20 Octobre 2018

«L'évaluation de Baytex est très attrayante» – Eric Nuttall, gestionnaire de portefeuille chez Ninepoint Partners


Édition du 20 Octobre 2018

Par Stéphane Rolland

Eric Nuttall supervise les stratégies du secteur de l’énergie à la firme Ninepoint Partners, de Toronto. Diplômé de l’Université de Carleton, il travaille dans l’industrie depuis 2003. Il gère le Fonds énergie Ninepoint.

STÉPHANE ROLLAND - Quelle est votre philosophie d'investissement ?

ERIC NUTTALL - Opportuniste. J'ai un style à contre-courant. Je commence par une prévision sur la matière première. Ensuite, j'essaie de déceler les tendances avant que le consensus se range à cette opinion et de placer mes billes en conséquence.

S.R. - Vous êtes spécialisé dans le secteur de l'énergie. Quelles y sont les perspectives ?

E.N. - Nous sommes optimistes. Nous croyons que le marché entre dans un contexte structurel d'offre insuffisante. On le voit par une réduction des réserves mondiales. La croissance économique soutient la forte demande. Du côté de l'offre, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a été très efficace à enlever des barils du marché pour le rééquilibrer. Pendant ce temps, il y a un sous-investissement dans les pays qui ne font pas partie de l'OPEP, comme le Canada, les États-Unis et le Brésil. En raison de ce sous-investissement, la production risque de décliner à partir de 2020 et cela devrait durer quatre ou cinq ans. Il faudra une hausse du prix du baril de pétrole pour freiner la demande trop élevée.

S.R. - Qu'en est-il des sociétés qui sont actives dans le secteur ?

E.N. - Depuis 2017, il y a un écart de 40 % entre la performance du baril de pétrole et les titres de l'énergie. Ainsi, les valeurs dans le secteur sont très attrayantes. Les gens ont préféré investir ailleurs, que ce soit dans la technologie ou les actions du secteur du cannabis, ce qui fait qu'il y a peu d'intérêt, malgré les évaluations. Le sentiment commence toutefois à s'améliorer.

SR. - Y a-t-il un segment du marché que vous préférez ?

E.N. - Celui des producteurs de pétrole brut lourd est le plus mal-aimé, en raison de l'incapacité du Canada à construire les pipelines. Je pense que l'écart entre le pétrole brut lourd et le pétrole brut léger pourrait s'amenuiser. Les gens vont ainsi constater que les problèmes de pipelines sont un enjeu à court terme.

S.R. - Quelle société est sur votre radar ?

E.N. - L'évaluation de Baytex (BTE, 3,47 $) est très attrayante. L'action s'échange à moins de trois fois la valeur d'entreprise par rapport au bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA). Nous pensons qu'il y aura un rattrapage des évaluations. Par le passé, ce ratio était de sept à huit en moyenne. Même si l'aubaine par rapport à la moyenne perdure, on peut penser qu'il va se rendre à cinq fois. Avec un baril à 80 $ US et un multiple de cinq fois, on obtient une action à 10 $. Si le baril s'échange à 70 $ US, et donc que le prix du pétrole est en baisse, le titre vaudrait 7 $. Près de 30 % des volumes de Baytex viennent de la propriété Eagle Ford, au Texas. Elle y obtient un meilleur prix que pour sa production canadienne. Ça l'immunise à court terme contre le différentiel de prix entre le pétrole brut lourd et le pétrole brut léger.

S.R. - La baisse du prix du pétrole, il y a quatre ans, a particulièrement fait mal à Baytex, notamment en raison de sa lourde dette. Qu'en est-il de ce risque aujourd'hui ?

E.N. - C'est vrai. C'est une des raisons qui en fait une société impopulaire, car les gens la perçoivent toujours comme une entreprise au bilan trop étiré. Sa fusion avec Raging River (annoncé en juin 2018) lui permet d'assainir son bilan. Avec un baril à 70 $ US, le ratio dette/BAIIA est de seulement 1,6 fois. Avec un baril à 80 $ US, le ratio atteindrait 1,2 fois. C'est une grande amélioration. Maintenant que le bilan est assaini, certains investisseurs institutionnels peuvent reconsidérer le titre, conformément à leur politique d'investissement.

À la une

Et si les Américains changeaient d’avis?

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

Cuivre: le «roi des métaux verts» dépasse 10 000$US la tonne

13:27 | AFP

Le métal rouge est sous le feu des projecteurs depuis l’offre de rachat du géant BHP sur son rival Anglo American.

Le géant BHP fait une proposition de 31 milliards de livres pour Anglo American

Cet accord créerait le plus grand mineur de cuivre au monde.