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La revanche des perdantes. Ses entreprises sont moches. Leurs perspectives de croissance sont démoralisantes. L’investisseur averti devrait les fuir comme la peste. Pourtant, leurs actions vous auraient procuré un rendement supérieur au marché, affirme Jeff Evans, stratège de CIBC Marchés mondiaux.
Le stratège a fait une curieuse expérience. Il a voulu voir ce qui arrivait quand on misait sur les sociétés en queue de peloton. Pour ce faire, il a bâti un portefeuille modèle de 35 titres inscrits au S&P/TSX. Leurs caractéristiques : ils avaient les plus faibles prévisions de croissance annuelle du bénéfice par action. La simulation commence en 2003.
Par la suite, il a rééquilibré son portefeuille de la façon suivante. Il a ajouté toute société dont les prévisions de croissance chutaient parmi les 15 pires de l’indice, si elle ne se trouvait pas déjà en portefeuille. L’ajout d’un titre entraîne la liquidation d’un autre. La société avec la «moins pire» prévision est celle dont l’action est vendue.
Rendements
Le résultat surprend. Cette stratégie a généré un rendement supérieur de 8% par année en moyenne à ce qu’a fait le S&P/TSX. M. Evans a refait l’exercice pour le S&P 500 à New York. La surperformance annuelle est de 8,6%.
Comment cela est-il possible? Les investisseurs auraient tendance à surréagir lorsqu’une société arrive dans un passage à vide. «Bien qu’il y ait des raisons d’éviter une société dont les perspectives sont moroses, notre recherche laisse croire que le marché a des attentes trop basses», explique-t-il.
L’investisseur doit en tirer une leçon, souligne M. Evans. Quand les attentes sont à un creux, il faut être prudent. La plupart du temps, il s’agit d’une occasion d’achat plutôt qu’une occasion de vente, prévient-il. Cette stratégie peut être comparée à l’approche «valeur» (qui mise sur des titres sous-évalués par le marché), mais poussée à l’extrême.
Pour que la stratégie de «faible croissance» porte ses fruits, l’investisseur devra avoir un portefeuille plus concentré qu’un portefeuille « valeur » traditionnel. M. Evans estime qu’un portefeuille d’entre 30 et 35 titres procure le meilleur rapport risques/rendements.