Transat ne parle pas mariage avec WestJet

Publié le 16/03/2017 à 14:34

Transat ne parle pas mariage avec WestJet

Publié le 16/03/2017 à 14:34

Par Stéphane Rolland

Photo: Lesaffaires.com

Malgré les commentaires d’un analyste qui croit que Transat(Tor., TRZ) et WestJet(Tor., WJA) feraient un bon mariage, le voyagiste n’est pas en train de planifier les fiançailles, affirme Jean-Marc Eustache, le PDG de l’entreprise montréalaise, lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre de l’assemblée des actionnaires.

«Nous sommes une entreprise publique, commente M. Eustache. Demain matin, n’importe qui peut faire une offre sur Transat, et puis on sera obligé de la regarder. Mais aujourd’hui, il n’y a rien.»

En février, Turan Quettawala, de Banque Scotia, écrivait que Transat ferait une belle cible d’acquisition pour WestJet. La transaction permettrait au transporteur aérien de Calgary de dégager des synergies et d’être plus concurrentiel, croit l’analyste. Même à 10$ l’action, une offre pourrait être avantageuse pour WestJet, estime-t-il. Cela représenterait une prime de près du double de la valeur de l’action.

«C’est un analyste qui a réfléchi à ça et qui a écrit là-dessus, dit M. Eustache. Nous, on ne réagit pas à ça. Ça ne nous touche absolument pas.»

En réaction aux commentaires de son collègue de la Scotia, Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dit qu’une telle transaction aurait ces avantages au moment où la position concurrentielle de Transat s’affaiblit. Toutefois, il doute que WestJet soit intéressée par les hôtels de Transat. Autre frein: les employés de Transat sont syndiqués contrairement à ceux de WestJet.

Encore possible de créer de la valeur ?

Même si elle n’est pas liée à de véritables discussions, la supposition d’une offre de WestJet peut être vue comme l’espoir d’un plan de sortie pour les actionnaires de Transat. Depuis l’été 2011, la valeur de l’action a été divisée en quatre. L’industrie aérienne est difficile à piloter. Le risque de devises, les variations des prix du carburant, les évènements de l’actualité qui découragent les voyages (Zika, attentats, etc.), les relations de travail et la concurrence sont tous des éléments qui causent des turbulences.

La société peut-elle encore créer de la valeur à long terme pour ses actionnaires?

«Oui, c’est notre plan, répond M. Eustache. C’est sûr qu’on y croit. Nous nous sommes départis de nos activités en France et en Grèce pour avoir de l’argent pour continuer à nous développer. Notre plan est clair. Un, on se recentre sur les Amériques; deux, on fait des hôtels; trois, on continue de développer la compagnie aérienne; quatre, on augmente la distribution de nos forfaits de manière importante.»

Que dirait-il aux actionnaires impatients de voir fructifier leur placement? La réponse était fidèle au franc parlé de M. Eustache, un vétéran qui a travaillé 38 ans dans l’industrie. «Nous avons un plan et nous le suivons de très près, répond-il. Maintenant, il y a des choses qu’on ne contrôle pas. Les variations du pétrole ont eu un impact négatif de 18 M$ sur le bénéfice ce trimestre. Comment voulez-vous qu’on passe ce coût aux clients dans le contexte concurrentiel actuel? Les actionnaires comprennent ça. S’ils ne sont pas contents qu’ils sortent de l’entreprise. C’est leur droit. »

Privatisation des aéroports

Questionné sur une éventuelle privatisation des aéroports canadiens, Jean-Marc Eustache a fait une mise en garde. «Ça toucherait Transat, c’est sûr, admet le PDG. Ce qui est important, c’est qu’on ne nous charge pas de frais supplémentaires à nous ou à nos clients, le lendemain de la privatisation. On paie déjà assez cher pour ces aéroports-là. Après ça, on est très satisfait des aéroports actuels. C’est une question de prix.»

Une étude de C.D Howe dévoilée en février estime que la privatisation des aéroports rapporterait entre 7G$ et 17 G$ au gouvernement fédéral. Le gouvernement Trudeau évalue cette possibilité pour financer son programme d’investissement dans les infrastructures. Il est possible que la décision ne soit pas prise avant le prochain budget fédéral, publié le 22 mars prochain.

Les résultats

Le voyagiste a publié le même jour les résultats de son premier trimestre. La société n’est pas parvenue à renouer avec la rentabilité, mais a réduit sa perte attribuable aux actionnaires de moitié, à 36 M$. Transat attribue ses difficultés à l’effet de devise et au prix du carburant qui ont entraîné des coûts supplémentaires.

Les résultats sont inférieurs aux attentes des analystes, qui anticipaient tout de même une perte. La société a dévoilé une perte nette ajustée de 0,98$ par action. Les analystes anticipaient plutôt une perte de 0,87$. Les revenus, pour leur part, ont reculé de 5% à 689,3 M$. Les analystes visaient des recettes de 734M$.

Immédiatement après la publication des résultats, Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale, a invité les actionnaires à la prudence. Il prévoit une autre perte au deuxième trimestre, ce qui représenterait «une perte considérable pour la saison hivernale dans son ensemble», précise-t-il. Si WestJet décide de bonifier son offre internationale en 2018, la concurrence demeurera difficile, prévient-il.

Après avoir entamé la séance au rouge, le titre a repris le terrain perdu en début d’après-midi. Vers 14h, le titre monte de 1,13% à 5,35$.

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