Un bel exemple de requalification de travailleurs


Édition du 07 Octobre 2017

Un bel exemple de requalification de travailleurs


Édition du 07 Octobre 2017

Ils sont 16 dans la petite salle à écouter la formatrice qui leur inculque les éléments essentiels au travail qui les attend. D'ici trois jours, ils poursuivront à l'usine leur formation, qui durera six semaines, avant de pouvoir intégrer les équipes de travail.

Ils sont de tous les âges, de tous les milieux et de toutes les origines. Réjean et Claudette, dans la cinquantaine, viennent de vendre leur bateau de pêche. Samy ne sera resté que trois mois à Montréal après avoir émigré de France. Marie-Claude arrive de Valcourt avec Alain, qui avait un emploi stable chez BRP. Vanessa, qui avait quitté Grande-Rivière pour tenter sa chance à Montréal, a décidé de revenir en Gaspésie.

Tous et toutes se sont laissé convaincre de joindre les rangs du plus important employeur industriel à l'est de Rivière-du-Loup : LM Wind Power, installé dans le parc industriel de Gaspé. J'ai eu l'occasion de les rencontrer brièvement l'après-midi où le directeur de l'usine, Alexandre Boulay, m'a fait découvrir cet impressionnant complexe qui n'en finit plus de s'étendre.

J'aurai l'occasion de vous parler plus en détail, dans quelques semaines, de cette entreprise qui se trouve aujourd'hui au coeur de la solide filière éolienne de la Gaspésie. Elle comptait 178 travailleurs en août 2016. Quatorze mois plus tard, l'effectif atteint 480 personnes. Et une affiche haute comme un immeuble de deux étages orne les devants de l'usine : «Nous embauchons.»

Ce qui se passe ici est représentatif du curieux paradoxe touchant le milieu du travail au Québec : un taux de chômage historiquement bas, qui oscille autour de 7 % et qui conduit à évoquer une pénurie des ressources, alors que, dans les faits, des dizaines de milliers de personnes se cherchent du boulot. L'offre ne satisfait pas à la demande. Il y a un écart entre leurs compétences et celles que les employeurs recherchent.

Et ça ne s'améliorera pas, à moins de procéder comme LM Wind Power et les autres entreprises, nombreuses, qui ont compris l'importance de requalifier les travailleurs laissés pour compte, mais désireux de se refaire une place au soleil.

Le débat se poursuit quant à l'importance d'accueillir des gens venus d'ailleurs, qui peuvent aider à renforcer l'économie du Québec en pleine expansion. Oui, nous avons besoin de renfort, dans tous les domaines. Nous avons aussi besoin des idées nouvelles de ceux et de celles qui arrivent ici avec une vision différente du monde.

En même temps, pourrions-nous nous employer à réaligner tous ces gens, vaillants, mais trop souvent désoeuvrés parce que dépassés par l'évolution rapide de l'économie du 21e siècle ? C'est tout à fait possible. L'expérience de LM Wind Power, au bout de la Gaspésie, en fait foi.

Idéologie, quand tu nous tiens

Au départ, l'opposition à la mise en valeur des hydrocarbures au Québec, ou à leur transport sur le territoire, semblait circonstancielle.

L'exploitation des gisements de gaz naturel dans les basses-terres du Saint-Laurent passait par la fracturation de la roche sans qu'on puisse être certain que le procédé ne provoquerait pas la contamination des nappes phréatiques. Les moratoires ont suivi, façon commode de décider sans vraiment décider. D'accord. Admettons.

Il y a peut-être du pétrole sur l'île d'Anticosti, mais on ne le saura jamais, compte tenu de la position prise par le gouvernement du Québec. Il s'agit là d'un lieu unique dont on veut préserver l'intégrité, d'autant qu'il faudrait mettre en place de lourdes infrastructures de transport. Donc, interdiction. D'accord.

Sans compter le projet de pipeline Énergie Est, qui misait au départ sur un terminal à Cacouna, à l'est de Rivière-du-Loup. Cependant, les levés sismiques au large pouvaient perturber la population de bélugas, toujours vulnérable. On a tout arrêté. Encore d'accord.

Toutefois, ces arguments légitimes ne tiennent plus lorsqu'il est question de l'exploitation du pétrole et du gaz naturel dans les montagnes de la Gaspésie. Pas de résidences à proximité. Pas de cours d'eau menacés. Pas d'empiètement sur des milieux protégés. Juste des réserves dont on ne connaît pas encore le potentiel réel, mais qui pourraient réduire la dépendance du Québec aux hydrocarbures importés, avec la fuite de capitaux qui en résulte.

D'autant plus que les entreprises de la Côte-Nord, à commencer par l'Aluminerie Alouette, attendent avec impatience d'avoir accès au gaz naturel et d'ainsi diminuer la consommation de diesel, nettement plus polluant. Dans ce cas, un projet en cours verrait le gaz transiter par le port de Gaspé avant d'être acheminé sur la Côte-Nord.

Un courant environnementaliste en mal de cause vient pourtant de déclarer la guerre à toute mise en valeur de ces ressources en Gaspésie. Même l'organisme Équiterre, habituellement plus modéré dans ses positions, vient d'ajouter sa voix à celle des «anti». Cette fois, pas d'accord.

On constate maintenant que l'opposition aux projets qui prêtaient flanc à la controverse n'était pas circonstancielle : elle était, et demeure, foncièrement idéologique, du genre «on ne veut rien savoir, peu importe le contexte». C'est bien dommage. Le passage vers une économie exempte d'hydrocarbures est en cours, mais il s'agit d'une évolution, pas d'une rupture soudaine. Le Québec dépend, et pour un bon moment encore, de ses voisins. Pourquoi ne pas profiter de ce qui se trouve ici ?

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