Le premier ministre de Terre-Neuve et du Labrador, Danny Williams, est déjà en train de déchirer sa chemise en dénonçant l'achat de l'essentiel des actifs d'Énergie Nouveau-Brunswick par Hydro-Québec. Le Québec est en train de se construire un monopole dans l'est du Canada, dit-il, au détriment de l'intérêt national.

En fait, il est surtout furieux parce qu'il risque maintenant d'avoir à transiger d'une façon ou d'une autre avec Hydro-Québec s'il veut vendre aux Américains l'électricité produite par l'éventuel complexe de Lower Churchill Falls. Il songeait à contourner le Québec en exportant l'électricité du Labrador au moyen d'un câble sous-marin qui relierait le Labrador via Terre-Neuve à l'île du Cap-Breton et par-delà jusqu'au Nouveau-Brunswick et à nous le marché américain !

Mis à part l'exploit technologique que tout ça demanderait, imaginez les coûts ! Alors que les interconnexions existent déjà avec le Québec. Mais voilà : Danny Williams fait des boutons quand il pense à Hydro-Québec. Il crie maintenant à l'encerclement.

Du calme. Que son transporteur soit Hydro-Québec ou Énergie Nouveau-Brunswick, dans les faits, ça ne change rien. Il faut payer un péage pour faire transiter son électricité sur le réseau du voisin. Et ledit voisin est tenu de vous ouvrir son réseau. La réglementation en usage en Amérique du nord l'exige. On ne peut fermer la porte. Et le calcul des redevances est établi en fonction des coûts, connus de tous. Énergie Nouveau-Brunswick ne lui aurait certainement pas fait de cadeau.

Autrement dit, la crise de Danny Williams tient plus d'une rancoeur personnelle que de la réalité. Et il oublie trop facilement que le Québec s'est fait avoir sur la question du Labrador, en 1927, quand le Conseil privé de Londres s'est planté en traçant les frontières de l'ouest et du sud du Labrador. J'y reviendrai lundi. Mais ne vous gênez pas entre temps pour nous faire suivre vos commentaires. 

Bon week-end de l'Halloween !