Les investisseurs et épargnants à la dure

Publié le 01/11/2015 à 15:48

Les investisseurs et épargnants à la dure

Publié le 01/11/2015 à 15:48

Photo: Shutterstock

Au Canada, la dernière semaine d’octobre n’aura pas été la plus encourageante pour les épargnants et les investisseurs.

L’indice S&P/TSX, de la Bourse de Toronto, a encore perdu 3% de sa valeur, lui qui n’arrive pas à coller une véritable séquence gagnante depuis le mois d’août. La période des Fêtes approche, elle qui se veut souvent favorable aux investissements boursiers, mais la faiblesse chronique du secteur des ressources augure mal pour le marché canadien.

Il y a cependant plus préoccupant encore pour ceux et celles qui préfèrent des placements plus sécuritaires.

Les taux d’intérêt vont demeurer au plancher pendant encore un long moment parce que l’économie canadienne peine à se remettre en marche. Le bilan du PIB réel pour le mois d’août: une hausse minimale de 0,1%, après deux mois plus inspirants en juin et juillet. On attend encore une reprise véritable des exportations alors que des interrogations subsistent sur l'effet à moyen terme prix très bas pour les matières premières.

Oui, la récession qui nous a frappés en début d’année est probablement terminée, mais l’économie canadienne demeure bancale. Et c’est ce qui a poussé l’économiste BenoÎt P. Durocher, de Desjardins, à conclure ainsi une note publiée le 30 octobre : «La Banque du Canada voudra certainement poursuivre son statu quo monétaire tant que ces questions resteront en suspens, au moins jusqu’en 2017».

Jusqu’en 2017… ce qui veut dire pour plus d’un an des taux d’intérêt faméliques sur les dépôts à terme et les obligations, avec des rendements réels nuls ou négatifs si l’on tient compte de l’inflation.

On a eu le jour même un exemple de l’impact que cette progression poussive de l’économie peut avoir sur les épargnants.

Cette année, les obligations d’épargne du Canada, jadis un véhicule recherché et prisé parce qu’hautement sécuritaire, va n’offrir qu’une pitance en termes de rendement: 0,50%, même pas l’inflation pourtant elle aussi au plancher. Autrement dit, pour un investissement de 1000 $, on obtiendra un fabuleux retour annuel de… 5 $.

Et vous voulez vous bâtir une retraite avec ça ?

Cette misère en matière de rendement devient un enjeu autant individuel que collectif.

Individuel, parce que les citoyens qui se dirigent vers la retraite et qui ne disposent pas d’un régime à prestations déterminées (qui profite à moins d’une personne sur trois au pays) doivent refaire tous leurs calculs.

Pour l’instant, ils ne peuvent même plus planifier en escomptant un rendement de 5% ou 4%, jugé absolument conservateur il n’y a pas si longtemps. À moins de disposer d’un formidable coussin, ils devront donc prendre des risques avec lesquels ils ne sont pas à l’aise, et pour lesquels ils ne disposent pas forcement des connaissances appropriées. Les placements dits sécuritaires ne suffiront plus.

Et collectif, parce qu’il y a là une danger d’appauvrissement national alors que des millions de baby-boomers galopent vers la retraite. S’ils deviennent à peine capables de survivre du fait de l’amincissement de leurs perspectives, qu’adviendra-t-il de leur participation à l’économie? Et comment les finances gouvernementales, déjà serrées, pourront-elles les aider?

Oui, les emprunteurs sont ravis. Pour l’instant. Mais les répercussions néfastes de ces taux misérables sur l’ensemble de l’économie devraient d’abord nous préoccuper et moins nous satisfaire.

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