Les ambitions stimulantes d'un maire au Lac-Saint-Jean


Édition du 18 Juin 2016

Les ambitions stimulantes d'un maire au Lac-Saint-Jean


Édition du 18 Juin 2016

[Photo : Bloomberg]

Parlez de Saint-Prime, au Québec, et il y a de fortes chances qu'on vous cite sur-le-champ la Fromagerie Perron (fondée en 1890), qui constitue son attrait le plus connu.

La municipalité, située à mi-chemin entre Roberval et Saint-Félicien, ajoute maintenant un autre élément à sa réputation : elle devient un lieu de discussion sur la mise en valeur des ressources du Nord québécois. Les 8 et 9 juin, elle accueillait pour la deuxième fois le Forum minier régional. Les participants venaient d'un peu partout au Québec, et l'invité d'honneur était le maire de Kuujjuaq, Tunu Napartuk.

Même si les temps ont déjà été plus radieux pour l'industrie minière, les 150 personnes présentes ont pu constater que le Plan Nord était loin d'être mort ; seulement, il prend des formes inattendues, et les projets qu'on y a présentés avaient de quoi alimenter l'imagination.

En résumé, il en ressort que le Québec pourrait miser sur les «substances non traditionnelles» dans sa volonté de mettre en valeur les ressources du Nord. Et la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean peut y contribuer, même si ce n'est pas celle à laquelle on pense en premier pour l'industrie minière au Québec.

C'est vrai qu'on se trouve loin de l'Abitibi et de la Côte-Nord, des territoires qui surgissent spontanément à l'esprit lorsqu'il est question de potentiel minier. Mais la tradition industrielle de la région, couplée à la présence de centres de recherche et d'entrepreneurs expérimentés, lui permet de prétendre à sa part du gâteau.

Surtout, Saint-Prime peut compter sur la détermination de son maire, Lucien Boivin, qui a créé ce Forum en faisant fi des sceptiques, parce qu'il tient à revitaliser son coin de pays. L'intérêt généré par cette deuxième édition montre qu'il a visé juste. D'autant plus que le Saguenay-Lac-Saint-Jean est stratégiquement situé. À l'ouest, le secteur de Chibougamau connaît un regain d'activité. La mine de diamants Renard, de la société Stornoway, s'apprête à entrer en activité. Les installations sont finalisées à 96 %, a-t-on appris lors du Forum, et l'extraction des diamants devrait commencer d'ici la fin de l'été.

On pense aussi au projet de mine de fer de Métaux BlackRock, moins avancé, mais dont les retombées pourraient être encore plus intéressantes, puisqu'il utiliserait le chemin de fer qui passe à proximité pour transporter le minerai de fer jusqu'au terminal maritime de Grande-Anse, à Saguenay.

Évidemment, le prix du minerai de fer n'est pas inspirant, et la question du financement des projets en gestation est épineuse. Celui d'Arianne Phosphate, au nord du lac Saint-Jean, se retrouve dans cette situation. Ses riches gisements d'apatite suscitent de grands espoirs, d'autant plus que la minière a récemment obtenu le décret du gouvernement du Québec pour lui permettre d'aller de l'avant, ainsi qu'un rapport positif du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Elle aussi utiliserait les installations de Grande-Anse.

Ce sont là de gros projets, de l'ordre de centaines de millions de dollars, qui pourraient servir de locomotives... le jour où les prix des métaux progresseront et que les financiers seront moins frileux. Mais on s'est rendu compte lors du Forum qu'on peut encore élargir les horizons. Le Consortium de recherche en exploration minérale (CONSOREM), établi à l'Université du Québec à Chicoutimi, a présenté aux participants sa dernière création, la Carte minérale du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Il s'agit d'un outil de première valeur qui montre, en détail, à quel point la région regorge de ressources minérales dont on pourrait pleinement tirer profit en temps voulu. La Carte minérale indique la localisation de ces substances non traditionnelles, comme le tantale, le vanadium, le niobium, les terres rares, l'apatite... Pour l'instant, la seule mine en activité dans la région est celle de Niobec, qui exploite un gisement de niobium, au nord de Saguenay. Mais le potentiel d'ensemble fait rêver.

De quoi conforter Lucien Boivin dans son idée, que d'autres auraient pu trouver saugrenue : placer Saint-Prime (2 814 habitants) sur le circuit des conférences touchant la mise en valeur du Nord. Pourvu que lui et son équipe continuent d'y croire et d'y mettre l'énergie nécessaire, c'est en bonne partie gagné.

«On envoie à nos jeunes un signal positif, eux qui quittent trop souvent la région pour aller dans les grands centres», dit-il. Comme l'industrie forestière traverse des moments difficiles, il faut bien provoquer les choses... Lucien Boivin mise aussi sur un partenariat actif avec la communauté innue voisine de Mashteuiatsh, qui comptait plusieurs représentants lors du Forum. Et si jamais certains projets de deuxième transformation se réalisent dans la région de Saint-Prime, les gens de métier compétents ne manqueront pas. «Le timing est bon», lance le maire.

L'avenir dira s'il a raison d'espérer, mais le seul fait d'avoir ainsi «placé Saint-Prime sur la carte» est déjà une réalisation digne de mention. Cela, sans compter la renommée que lui offre la Fromagerie Perron, bien sûr : l'après-midi, quand sa production de fromage en grains du jour est encore tiède, bien des gens attendent déjà impatiemment à la porte pour être certains d'en avoir. Et comme il est bon !

De mon blogue

Finances publiques : déjà moins de frais d'intérêt sur la dette québécoise

Chaque fois que le Québec paie un point de base (0,01 %) de moins sur le remboursement de sa dette, il épargne 2,5 millions de dollars. Ce n'est pas rien. C'est ce que m'a confirmé le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, peu après que l'agence Standard & Poors eut évoqué des «perspectives positives» pour la cote de crédit du Québec. On peut apprécier ou non les agences en question, leur travail consiste essentiellement à évaluer le risque que représentent les emprunteurs. Plus les risques sont élevés, plus les taux d'intérêt accolés aux emprunts sont hauts. Et l'inverse. Quand le risque baisse, les taux baissent aussi. Le Québec peut déjà espérer en profiter.

À la une

Nvidia dévoile une «superpuce» beaucoup plus performante

Mis à jour le 18/03/2024 | AFP

«Je voudrais vous présenter une très, très grande GPU.»

Bourse: Nvidia a pulvérisé les attentes, mais quelle sera la suite?

23/02/2024 | Denis Lalonde

BALADO. Après un gain d'environ 240% sur un an, est-il trop tard pour investir dans le titre de Nvidia?

Apple en discussion pour adopter l'IA de Google dans ses iPhone

18/03/2024 | AFP

Apple pourrait intégrer le système d'intelligence artificielle interactive Gemini AI sur ses appareils.