Il est encore bien tôt pour évaluer l’ensemble des chocs qui vont résulter des attentats de Paris, mais on peut au moins en imaginer quelques-uns, forcément dommageables.
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Et le retour des limites à la libre circulation des biens et des personnes, en Europe en fait malheureusement partie.
Les terroristes font le jeu des partis eurosceptiques qui demandent depuis longtemps le retour des contrôles douaniers. Marine Le Pen, du Front National français, n’a d’ailleurs pas perdu de temps : dès samedi, elle réclamait la « fermeture définitive » des frontières nationales.
Des élections régionales ont lieu dans moins de trois semaines et on pourra alors vérifier si le Front National réalise les gains que des sondages lui attribuaient déjà, même avant les attaques des terroristes. Ils pourraient être encore importants que prévu. Ailleurs, en Europe, des partis d’extrême-droite vont inévitablement sauter sur l’occasion pour aiguiser leurs discours anti-immigration et réclamer eux aussi le repli de leur propre pays à l’intérieur de ses frontières.
Pourquoi serait-ce dommageable ?
Parce qu’au fil du temps, l’Europe a cheminé laborieusement vers une intégration à la fois politique et économique. Les ennemis d’hier sont devenus des partenaires, et l’idéal d’une grande Europe fait son chemin. Bien sûr, on trouve encore des nostalgiques du franc, du deutsche mark, de la lire et d’autres monnaies nationales, mais déjà, ce regroupement monétaire a permis d’intensifier le commerce et les échanges. En même temps, la libre circulation des biens et des personnes a consolidé le principe d’un vaste bloc qui rêve de faire contrepoids aux États-Unis et à la Chine.
Il reste encore bien des obstacles à aplanir, sauf que la route semblait bien tracée. Elle paraît aujourd’hui plus tortueuse. Les opposants à la libre circulation ces citoyens ont peut-être raison de s’inquiéter de l’infiltration possible de gens mal intentionnés, mais ils se tirent dans le pied en attaquant les principes mêmes du libre-échange et d’une Europe unifiée. Son économie globale en serait sérieusement affectée, ce qui se répercuterait forcément sur les économies nationales.
Est-ce que la mouvance terroriste, qui n’espère rien de mieux que d’ébranler encore plus durement les sociétés qu’elle agresse, se verra ainsi offrir une victoire à retardement ?
