Des enveloppes bonifiées et pas de coupe... pour le moment

Publié le 07/11/2023 à 13:04

Des enveloppes bonifiées et pas de coupe... pour le moment

Publié le 07/11/2023 à 13:04

François Legault. (Photo: Getty Images)

EXPERT INVITÉ. C’est dans un contexte difficile, à la fois inflationniste et récessionniste que le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, présentait sa mise à jour économique plus tôt aujourd’hui. Un exercice périlleux devant la baisse du pouvoir d’achat, le ralentissement de l’investissement et de signaux macroéconomiques qui flashent rouges vifs. On pourrait même parler d’un numéro d’équilibriste dans une période où la population a montré quelques signes de fatigue envers la Coalition avenir Québec.

 

Cette mise à jour économique met en lumière six priorités:

- logement

- banque alimentaire

- formation

- changements climatiques

- investissements des entreprises

- itinérance

 

Logement et formation

Alors que le Québec fait face à la plus grande pénurie de logements de l’histoire avec plus de 860 000 unités manquantes, le Gouvernement avait l’occasion d’adresser l’éléphant dans la pièce. Avec une annonce visant quelque 8000 logements sociaux, on semble être loin du compte. un constat inquiétant lorsque l’on sait à quel point les mises en chantier résidentielles ont chuté fort avant de rebondir en septembre.

La Mise à jour incluait dans son enveloppe de formation les 300 millions de dollars déjà annoncés pour accélérer la formation de main-d’oeuvre en construction qui mettra quelques temps avant de se matérialiser en inventaire. Une bien mauvaise nouvelle pour les moins de 35 ans et les ménages modestes qui souffrent du déséquilibre entre l’offre et la demande de logements.

Alors que le fédéral a enlevé la Taxe sur les produits et services, les attentes étaient hautes pour une annonce sur la Taxe de vente du Québec afin d’offrir aux investisseurs immobiliers un retour sur investissements positif dans le contexte. Bien des chantiers resteront sur la glace sans nouvelle mesure.

Investissements des entreprises Après les annonces des seuils d’immigration la semaine passée, il fallait assurément des annonces majeures pour adresser le retard en productivité du Québec.

Le gouvernement caquiste mise sur 1,3 milliards de dollars sur 5 ans en crédits d’impôts à l’innovation et à l'investissement. Une mesure qui aidera très certainement les grandes entreprises, notamment industrielles, qui sont directement nommées. Aussi, le régime d’aide fiscale à l’investissement semble pertinent, sauf pour les nombreuses entreprises qui ne peuvent investir, notamment les plus petites ou les jeunes pousses. C’est là l’enjeu pour nos PME qui s’attendaient à davantage d’aide alors que le 18 janvier approche et que le Gouvernement fédéral n’a pas fait d’annonce supplémentaire… 

 

Changements climatiques

On voit les annonces se succéder. Joe Biden avec une centaine de milliards par ci et Justin Trudeau quelques milliards par là.

L’annonce d’aujourd’hui, si elle représente une nouvelle positive pour le secteur forestier durement touché cet été par les feux, n’ajoute que peu ou prou pour l’entrepreneuriat vert. En effet, une grande partie de l’enveloppe vient en effet éponger le déficit abyssal des transports collectifs.

Il faudra donc garder l'œil ouvert sur la répartition de la somme de 260 millions de dollars sur cinq ans pour «appuyer les initiatives en matière d'adaptation aux changements climatiques».

 

Pouvoir d’achat

Pas de chèque cette fois-ci. Le Gouvernement opte pour 1,8 milliards de dollars de baisse d'impôts et réalise une de ses promesses. Cela se traduira par «282$» dans les poches des québécois. Si cela fera une différence pour les contribuables les plus modestes, on peut voir là la marge de manœuvre du ministre qui se réduit.

 

Un aperçu de 2024

Avec des prévisions pour 2024-25 coupées de moitié à 0,7%, on comprend que l’an prochain risque de voir certaines coupures poindre à l’horizon. C’est encore bien loin des estimations de Desjardins et Banque Nationale dont les économistes voient notre économie stagner.

Le ministre Girard avec sa formule désormais célèbre du «gouverner, c’est décider» a été fidèle à lui-même dans cette mise à jour prudente.

Le prochain budget offrira un contexte probablement plus difficile encore pour aller dans le même sens.

 

  

À propos de ce blogue

Passionné d’économie et de philosophie politique, Pierre Graff évolue depuis 10 ans dans le monde des affaires. Il se questionne sur les enjeux politico-économiques au Québec et au Canada, et plus particulièrement ce qui affecte les jeunes gens d’affaires et les générations à venir. Il est actuellement PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).

Pierre Graff

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