La courte mémoire des investisseurs

Publié le 23/04/2012 à 11:09, mis à jour le 24/04/2012 à 08:26

La courte mémoire des investisseurs

Publié le 23/04/2012 à 11:09, mis à jour le 24/04/2012 à 08:26

En outre, trop d’entreprises de technologie ont pris l’habitude d’exclure l’amortissement des actifs intangibles de la présentation de leurs profits « ajustés ». Lorsqu’une entreprise technologique en acquiert une autre, les actifs acquis sont surtout comptabilisés comme de l’achalandage, lequel n’est pas amorti, et comme des actifs intangibles, essentiellement des actifs technologiques (logiciels, bases de données, etc.) et des relations-clients, lesquels doivent être amortis pendant leur durée de vie prévue. C’est cette dernière dépense d’amortissement que les dirigeants optent souvent d’exclure de la présentation de leurs profits « ajustés ». À mon avis, il est trop facile pour une entreprise technologique de bien paraître en réalisant de nombreuses acquisitions dont le coût sera en grande partie exclu du calcul de ses profits. Des sociétés telles qu’Open Text et Constellation Software, deux sociétés canadiennes du secteur des logiciels qui ont connu de très beaux succès au cours des dernières années en acquérant de nombreuses entreprises, ont recours à ce stratagème.

Prenons l’exemple d’Open Text qui est assez frappant. Au cours de son dernier exercice clos le 30 juin 2011, la société présente des profits « ajustés » de 4,02 $ par action. Or, en incluant deux postes de dépenses jugés « non-récurrents » par la direction, soit l’amortissement d’actifs intangibles ainsi que les dépenses liées à l’octroi d’options à ses dirigeants, les profits nets par action sont plutôt de 2,11 $. Un écart de 48 %!

Quant à Constellation Software, ses profits ajustés se sont élevés 140,4 M$ en 2011 ou 6,63 $ par action mais ces derniers excluent une charge d’amortissement des actifs incorporels de 76,7 M$.

Comme on l’a vu avec Open Text, certaines sociétés excluent les dépenses liées aux options d’achat d’actions. Je croyais pourtant que la leçon avait été bien apprise après l’éclatement de la bulle techno…

En somme, il faut croire que certains dirigeants misent sur le fait que bien des investisseurs ont la mémoire courte.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com).

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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