Au moment où Busbud préparait ses entrevues cette semaine pour annoncer son nouveau financement de 9M$1, je prenais un café avec Louis-Philippe Maurice (LP est co-fondateur et président de Busbud) pour discuter d’entrepreneurship, un sujet qui nous passionne tous les deux et qui fait l’objet de ma série de cet été dans ce blogue. LP était particulièrement en verve et heureux en cette matinée ensoleillée, assis à la fenêtre ouverte du Café Parvis.
PG : En plus d’avoir fondé Busbud, tu as démarré Entrepreneurs Anonymes en 2013, tu es dans le Founder Institute, la journée “Portes ouvertes” et maintenant La tournée des entrepreneurs. Ah oui, et tu écris des billets sur l’entrepreneurship dans ton blog Swell. Qu’est-ce qui te motives tant à agir pour la communauté d’entrepreneurs? Peux-tu me parler de ces initiatives?
LPM : Busbud est un produit de l’écosystème de start-up à Montréal. J’ai tellement eu d’aide au début (des intros, des conseils, du financement) que je me suis dit que je devais redonner, m’engager pour la communauté de start-up. Pour moi, toutes les initiatives que j’entreprends pour stimuler l’entrepreneurship à Montréal sont des projets organiques, “bottom-up”. Ce sont des hobbys super plaisants.
Entrepreneurs Anonymes est un bon exemple. On a parti le groupe il y a un an autour d’un souper entre amis entrepreneurs et aujourd’hui, on a 400 membres. C’est une communauté variée d’entrepreneurs de plusieurs milieux qui se rencontrent une fois par mois pour jaser dans un cadre informel et pour s’entraider.
Pour ce qui est de Founder Institute Montréal, je m’y implique pour aider à réseauter et à connecter avec les entrepreneurs de Montréal. L’institut est le plus gros réseau d’accélérateur de start-ups au monde : il est implanté dans près de 60 villes à travers le monde. Le programme proposé vise à aider des entrepreneurs en devenir, qui sont par exemple employés dans une boîte et qui ont un idée. On les amène donc de cette idée initiale au prototype qui leur permet de présenter leur projet à des investisseurs. Nous avons de grosses pointures comme mentors qui viennent à chaque semaine pour donner du feedback précieux et qui poussent l’entrepreneur à s’ajuster. Ceux qui ne s’ajustent pas sont partis la semaine suivante. C’est une expérience très intense pour tout le monde! Selon le fondateur du Founder Institute, installé en Californie (Adeo Ressi), 90% des projets approuvés par le programme survivent au-delà de l’étape de démarrage (au lieu du taux de réussite habituel de 10%).
L’an dernier, j’ai démarré l’événement Portes Ouvertes Startup - Montréal essentiellement dans le but d’améliorer notre expérience de recrutement de diplômés. Aller me placer derrière un kiosque dans une foire universitaire, c’est pas super intéressant. Quand t’es-tu vraiment fait un ami derrière un kiosque? On a donc invité toutes les universités et mêmes des corporations à faire la visite des bureaux d’une quarantaine de start-ups installées dans l’axe de la rue St-Laurent. On a vraiment provoqué des rencontres authentiques. Cette année, on veut faire un événement simultané ailleurs dans plusieurs villes au Canada.
Enfin, la plus récente initiative de La tournée des entrepreneurs est née d’une discussion que j’ai eue autour d’un café avec Christian Bélair du Regroupement de Jeunes Chambres de Commerce du Québec, il y a trois semaines seulement! La plupart du temps, les événements de l’organisme ont lieu à Montréal. On a décidé ensemble d’inverser la dynamique : pourquoi on n’irait pas en région et faire des événements gratuits? On fait ça l’été, pendant qu’il fait beau! Je suis convaincu qu’il y a beaucoup d’entrepreneurs en région qu’on pourrait rencontrer, partager des récits et échanger sur nos pratiques d’affaires, sur le financement ou sur la commercialisation. Je suis convaincu qu’on va faire des rencontres super intéressantes et que ça va mener à des affaires enrichissantes pour tout le monde. La réponse a été incroyable à date.
PG : C’est comme si dans chacune de ces initiatives, tu créais des contextes de sérendipité2
LPM : C’est vrai! Ce sont des plateformes de “serendipity”. Dans Entrepreneurs Anonymes, il y a eu des fusions-acquisitions d’entreprises, des embauches, des jumelages mentor-mentorés. Qui sait, Busbud va peut-être trouver un nouveau partenaire de design graphique en région? Provender est une des start-ups participantes. Leur but est délibérément de rencontrer des agriculteurs.
Je vois toutes ces initiatives comme des occasions qui créent des collisions entre les gens. Tu créés des événements où le monde se rencontre et la magie opère!
1. BusBud obtient un financement de 9 millions et passe à 32 employés
2. Serendipity en anglais : caractère de ce qui est lié au hasard, qui provoque une rencontre heureuse. L'Office québécois de la Langue Française conseille depuis 1973 « fortuité », définie comme le « Fait de trouver quelque chose alors même qu'on recherche autre chose ».
