Les quatre chercheurs espagnols ont concocté un modèle de calcul économétrique visant à étudier l'impact des décisions des dirigeants sur la performance de leur entreprise, à court comme à long terme, quand celles-ci sont en mesure de faire évoluer leur «capabilité». Ce terme revenant déjà deux fois, il convient de l'expliciter. Grosso modo, la capabilité est un terme qui en combine deux autres, à savoir la capacité et la liberté. Elle permet d'indiquer ce que l'on est réellement capable, ou pas, de faire dans la vie.
Prenons un exemple concret… Vous voulez acheter la toute nouvelle Lincoln. Avez-vous la liberté de le faire? Oui. Maintenant, avez-vous la capacité de le faire? Ça devient nettement moins évident ; mettons que la réponse est non. En conséquence, un économiste va considérer que vous n’avez pas une capabilité suffisante pour acheter la voiture de vos rêves.
La question est : comment s'y prendre pour faire progresser sa capabilité? C'est ce que vise à faire le modèle de calcul de nos quatre chercheurs, et c'est ce que je vais tâcher de vous faire saisir, même si ce modèle est – je dois l'avouer – particulièrement complexe.
MM. Andreu, Riverola, Rosanas et De Santiago ont considéré que :
– Un groupe de 1 000 entreprises évoluait dans un écosystème fini, au fil du temps;
– Ces entreprises n'étaient pas en compétition entre elles (car le but de l'étude n'est pas de chercher la meilleure stratégie pour battre la concurrence);
– Chaque entreprise avait un profil particulier, lequel était déterminé par différentes capabilités;
– Le profil de chaque entreprise évoluait à mesure que ses capabilités progressaient ou régressaient;
– Chaque entreprise était dirigée par des managers, dont le rôle était d'évaluer et de choisir entre différents projets de développement possibles;
– Les managers devaient faire des choix en fonction de deux critères, qui pouvaient être parfois contradictoires : d'une part la recherche de gains économiques (court terme), et d'autre part l'amélioration du profil de l'entreprise (long terme), ce dernier point leur permettant de prendre en mains davantage de projets dans le futur.