Depuis quelques jours, on entend que Montréal est un piètre lieu pour se lancer en affaires. Dans un classement sur les meilleurs endroits où démarrer et faire croître une entreprise établie par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Montréal se retrouve bonne dernière parmi 121 villes canadiennes étudiées (voir notre article ici). Montréal s’est fait déclasser par des villes «pro-entrepreneuriales» telles Okotoks, Nanaimo et Orillia…
Je ne vous dirai pas ce que je pense de ce type d’étude, cependant je prends la balle au bond afin de partager mon opinion en tant qu’entrepreneur montréalais.
J’aurais adoré décrier cette étude et dire comment elle est biaisée, qu’elle ignore certains facteurs qui facilitent ou rendent plus difficile la réussite entrepreneuriale.
J’aurais été le premier à monter au créneau, défendre ma ville et dénoncer cette campagne de dénigrement. Mais après avoir lu l’étude, et ayant moi-même vécu le démarrage d’une entreprise montréalaise et ayant rencontré bien des embûches, je dois reconnaître un point : il y a beaucoup à faire afin que Montréal redevienne une ville entrepreneuriale.
A-t-on déjà oublié que Montréal était l’une des plaques tournantes du monde des affaires. De la traite des fourrures, en passant par les années fastes des familles Bronfman et Molson, Montréal a longtemps été la porte d’entrée des Amériques, une sorte de village gaulois de l’entrepreneuriat.
Malheureusement, au fil des années, Montréal a non seulement perdu son lustre d’antan, elle s’est aussi endormie à coup de polémique, de bureaucratie et de manque de leadership. Heureusement, le vent semble tourner grâce, entre autres, aux entrepreneurs ! Quand certains pensent affaires quand on parle d’Alexandre Taillefer, de Mitch Garber ou de Gilbert Rozon, je pense davantage au mot amour. L’amour qu’ils ont pour Montréal.
Certes, il ne suffit pas que d’aimer notre ville pour la faire avancer. Il ne suffit pas que de vouloir le changement, il faut aussi passer à l’action. Que ce soit de réinventer le taxi d’une manière juste et écologique avec Téo Taxi, de conserver le siège social d’une compagnie américaine telle Caesars Acquisition Company au centre-ville de Montréal, ou d’offrir aux Montréalais et aux touristes une multitude de divertissements de qualité internationale, avec le Festival Juste pour rire, Montréal reprendra la place qu’elle mérite grâce à l’action.
Le constat est triste. La seule bonne nouvelle de l’étude est que nous ne pouvons pas descendre plus bas, nous ne pouvons que nous améliorer. Montréal sort d’une crise de gouvernance, d’une crise de confiance, d’une crise de fierté. Nous devons rebâtir cette fierté, redonner de l’oxygène à cette ville si magique. L’étude a malheureusement raison : oui, la bureaucratie est trop lourde et nous empêche souvent d’avancer ; oui, l’état des infrastructures est catastrophique ; oui, le fait de ne pas être «une île une ville» avec un seul capitaine à bord est néfaste ; oui ; le manque de financement est criant.
Mérite-t-on vraiment cette dernière place ? Pour ma part, je préfère lire cette liste à l’envers. Selon moi, Montréal est première en affaires. Première, grâce à sa créativité débordante, à sa joie de vivre qui réapparaît dès les premiers rayons de soleil d’avril ou à son multiculturalisme qui fait de notre restauration un immense buffet du monde. Première, grâce à des milliers de starts-up toutes plus innovatrices les unes des autres qui font des miracles avec rien. Première, grâce à cette volonté de nombreux entrepreneurs que je rencontre quotidiennement, qui ne veulent pas seulement espérer le changement pour leur ville, mais veulent le faire, afin que Montréal redevienne première.