Rendement sur l'avoir et valeur au livre

Publié le 22/06/2010 à 15:35

Rendement sur l'avoir et valeur au livre

Publié le 22/06/2010 à 15:35

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Après quelques recherches de titres sur le net, vous découvrez plusieurs entreprises se transigeant aussi bas que la moitié de leur valeur au livre. Pourtant, ces entreprises sont profitables et stables. S'agit-il d'aubaines?

Tout dépend du rendement sur l'avoir. Ce dernier correspond aux profits ''normalisés'' divisés par l'avoir (valeur nette au livre de l'entreprise, tel qu'indiqué au bilan). L'exemple suivant est édifiant :

http://quicktake.morningstar.com/stocknet/Valuation10.aspx?Country=USA&Symbol=NWLI 

Il s'agit de National Western Life Insurance (NWLI). En dessous de la 2e barre noire, on constate que le titre s'est toujours transigé sous sa valeur au livre pour les 10 dernières années (de 0.5 à 0.9 fois). Il est fréquent d'assister à ce genre de faible ratio parmi les entreprises lorsque le rendement sur l'avoir reste faible et que la croissance des profits n'est pas spectaculaire.

Le tableau qui suit affiche le rendement sur l'avoir pour NWLI (complètement dans le bas) :

http://quicktake.morningstar.com/stocknet/Profitability10.aspx?Country=USA&Symbol=NWLI 

Afin de savoir à quel prix ce titre devient une aubaine, on pourrait utiliser simplement le ratio cours-bénéfice. Cependant, qu'arrive-t-il si on ne prévoit aucune croissance des profits? La plupart des investisseurs seront d'accord pour dire qu'une entreprise sans croissance mérite un ratio cours-bénéfice beaucoup plus bas.

Or, nous pouvons simplement calculer le rendement sur ''la valeur marchande'' au lieu de ''l'équité''. En moyenne, NWLI produit un rendement sur l'avoir de 8,6% (sur 10 ans). Si l'entreprise ne génère pas de croissance (les profits restent au même niveau tout le temps), quel sera votre rendement si vous payez exactement la valeur au livre?

Le rendement que vous devriez obtenir sera de 8,6% (soit en dividendes, soit en appréciation du titre). Maintenant, si vous ne payez que la moitié de la valeur au livre, ce rendement double à 17,2% (en supposant un retour des profits à leur moyenne passée cependant, ce qui est incertain).

Au creux de la crise, nous aurions pu obtenir ce titre pour 0,2 fois sa valeur au livre. En supposant un profit normalisé générant un rendement sur l'avoir de 8,6%, on multiplie par 5 pour obtenir 43%. Et si on avait pu rafler le titre à 0,1 fois la valeur au bilan, nous aurions alors multiplié 8,6% par 10!

 Cette relation entre la valeur au livre et le rendement sur l'avoir démontre à quel point le prix payé affecte le rendement final. À défaut de pouvoir investir dans une entreprise à rendement élevé, on peut magnifier le rendement en payant un prix moindre.

À l'inverse, payer cher pour une entreprise très rentable peut s'avérer néfaste ou au mieux, générer un rendement nul. Coke constitue un bel exemple, Son rendement sur l'avoir de 30% s'avère impressionnant, mais en l'an 2000, il aurait fallu payer 16 fois sa valeur au livre. Il n'est donc pas étonnant que le titre ait généré un piètre rendement sur 10 ans. Le rendement sur la valeur ''marchande'' était de 1,9% (30% / 16). Il aurait fallu toute une croissance des profits pour justifier un investissement dans un tel titre.

 

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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