Le rêve américain : utopie?

Publié le 23/07/2010 à 13:43, mis à jour le 23/07/2010 à 14:23

Le rêve américain : utopie?

Publié le 23/07/2010 à 13:43, mis à jour le 23/07/2010 à 14:23

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 ''As The American Dream Grows, So Do We''  Voilà le titre du rapport annuel de Fannie Mae de 2002, qui signifie que leur croissance suit la tendance grandissante de l'accès à la propriété, que l’on compare avec le « Rêve Américain ».  Avec le temps, ce rêve s’est transformé en un droit aux yeux de la population, et non plus un privilège. Tout le monde devrait avoir une maison, son toit bien à soi!. Et bien, ce rêve s’est transformé en cauchemar avec la crise.  

Selon Peter Wallison, un membre de la Commission d’Enquête sur la Crise Financière, Fannie Mae et Freddie Mac sont les grandes responsables de la crise, puisqu’elles ont longtemps incité la population, les banques et tous les acteurs financiers à contribuer au fameux « Rêve ».  Voir l’article qui suit (en anglais) :  http://www.cnbc.com/id/38307707.

Ces deux institutions agissaient selon la volonté du gouvernement. Elles ont donc exercé une forte influence sur toute l’industrie hypothécaire. Pour vraiment comprendre l’absurdité des objectifs qu’elles tentaient d’atteindre, passons en revue le rapport annuel de 2002 de Fannie Mae, la plus grande institution des deux. Nous étions alors à 5 ans du début de la crise.  Nous avons traduit en français quelques passages, et en-dessous, nous avons exprimé leur signification probable, selon notre propre compréhension :

 ''La construction, l'achat et le financement des maisons se sont  accrus à des niveaux records, spécialement pour la source principale de fonds servant à acquérir une propriété pour les familles américaines, c’est-à-dire, Fannie Mae'' (page 3)

''Nous sommes les plus gros, et nous en sommes fiers''

''Notre croissance est disciplinée'' (page 4)

''Nous voudrions croître davantage, mais nous préférons la prudence, malgré le fait que notre ratio de levier soit à peine deux fois plus élevé que celui de Lehman Brothers avant qu’il ne s’effondre’’

''Depuis 1987, notre pays a connu la guerre et la paix, la récession et la prospérité, les marchés haussiers et les marchés baissiers ainsi qu’une panoplie de chocs sur notre système – politiques, sociaux, économiques, financiers et globaux. À travers cette période de volatilité, une chose est demeurée stable : Le Rêve Américain, qui continue de croître progressivement’’ (page 9)

''Notre conte de fée dure depuis si longtemps, à travers vents et marées. Pensez-vous vraiment qu’une simple crise financière pourrait y mettre fin?’’

''Les bulles immobilières à la grandeur du pays sont difficiles à créer. Le marché immobilier américain n’a jamais connu les sommets et les crash que l’on retrouve dans le prix des actions ou des matières premières. En réalité, le prix des maisons n’a jamais décliné dans tout le pays – et ne se sont certainement pas « effondrés » - depuis la Grande Dépression des années 30’’ (page 13)

''L’immobilier, ça monte toujours. Alors pourquoi tout ce bruit par rapport aux risques des subprimes?’’

''En réalité, notre plus grand défi consiste à croître au même rythme que le Rêve Américain, parce que pour la présente décennie et plus, la demande pour les maisons va augmenter plus que jamais’’ (page 16)

''Nous avons tellement de succès, que notre inquiétude première consiste à savoir comment garder le cap à travers toute cette prospérité’’

''Si notre marché croît tel qu’attendu, il va plus que doubler  d’ici 2010 (…) à un taux plus rapide que la plupart des compagnies du S&P 500’’ (page 17)

''Oubliez les autres compagnies de la bourse. C’est chez nous que ça se passera d’ici 2010. Achetez-donc notre titre’’ 

''Notre option d’hypothèque d’Approbation Étendue offre aux familles à modestes revenus une bien meilleure affaire, même si elles ont un mauvais crédit’’ (page 19)

''Ne pas avoir les moyens de payer ne doit pas être un obstacle au Rêve Américain. Nous sommes là pour nous en assurer ’’ 

'En 2001, environ 1.3 million d’acheteurs américains, dont la plupart étant des familles aux moyens limités ou au crédit entaché, ont financé leur maison à travers des prêts subprimes plus coûteux. Beaucoup de ces familles auraient pu se qualifier avec nous à des taux moins élevés’’ (page 19)

''Nous ne faisons pas qu’aimer les subprimes : nous voulons aussi tous les avoir en échange d’un plus faible taux d’intérêt que la concurrence’’ 

''Nous fournissons le capital pour les institutions financières pour qu’elles prêtent. Donc, nous devons nous fier sur ces prêteurs pour atteindre notre objectif de 2 billions de prêts aux familles que nous visons. Nous le faisons en fournissant aux prêteurs des outils de technologie avancée peu coûteux, des options d’hypothèques, ainsi que d’autres outils et services’’ (page 18)

''Dans notre quête d’agrandir le marché des subprimes, nous passons surtout  par  les banques pour atteindre nos objectifs. Ainsi, nous faisons plaisir au gouvernement en faisant la promotion du Rêve Américain, et si nous échouons, ce sont les banques qui seront blâmées’’

Après avoir pris connaissance d’un tel rapport annuel, êtes-vous surpris de l’étendue de la crise aujourd’hui?

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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