Buffett, ce diplomate!

Publié le 17/07/2010 à 11:45

Buffett, ce diplomate!

Publié le 17/07/2010 à 11:45

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Il est parfois bien difficile de savoir ce que pense Warren Buffett lorsqu'il passe en entrevue. Ce dernier s'efforce de ne jamais attaquer une personne directement. Par exemple, s'il désapprouve le comportement d'un dirigeant d'entreprise, il ne le mentionnera pas. Par contre, il n'hésite pas à parler d'une tendance généralisée, comme la rémunération excessive des hauts dirigeants. Son comparse, Charlie Munger, est moins prudent à ce chapitre. Il ne se gêne pas pour pointer du doigt des entreprises de temps en temps.

 M. Buffett a récemment rencontré Barrack Obama, afin de le conseiller sur la progression de la reprise. M. Obama lui a demandé s'il pensait que ses réformes nuisaient à la création d'emplois et donc, à la reprise. Warren a simplement répondu qu'il fallait du temps pour se relever de cette sévère récession. Il utilisa l'exemple des inventaires de maisons pour expliquer son point. Comme seulement 1,2M de nouveaux foyers sont créés par année, et que pendant longtemps, il s'est construit plus de maisons que nécessaire, on doit lentement absorber les surplus d'inventaires. Il faut donc beaucoup de temps.

Or, il y a à peine 1 mois, M. Buffett a failli être obligé de fournir environ 8 milliards de dollars en collatéral pour supporter les options qu'il avait contractées 3 ans auparavant. Cette obligation aurait découlé d'une nouvelle loi rétroactive que le gouvernement voulait instaurer. Et M. Buffett s'est battu pour éviter ce grand désagrément  (qui de toute évidence aurait nui à la reprise, puisque cet argent aurait été immobilisé, et n'aurait pas pu être réinvesti).

Il nous apparaît clair que plusieurs réformes d'Obama n'aident pas la reprise. Un autre exemple serait l'ingérence du gouvernement dans la façon dont les compagnies de carte de crédit chargent leurs frais aux clients. L'un des investissements importants de M. Buffett, American Express, est touché par cette ingérance. Mais l'Oracle d'Omaha n'aime pas critiquer, ce qui est peut-être tout à son honneur.

Son témoignage devant la commission d'enquête chargée d'inspecter les agences de notation de crédit constitue également un bel exemple de sa diplomatie. Étant interrogé face aux agissements de Moody's, Buffett a affirmé qu'il pensait, comme tout le monde, que le prix des maisons allait toujours augmenter. Pffffffff! Nous n'en croyons pas un mot. Mais M. Buffett savait trop bien que s'il avait dit le contraire, il aurait envenimé les critiques face aux dirigeants de Moody's.

On pourrait rétorquer qu'étant donné qu'il détient des actions de Moody's, il agissait dans son intérêt. Mais nous pensons que cela va plus loin, car même quand il peut critiquer à son avantage, il ne le fait pas. Par contre, lorsqu'il peut dire quelque chose de bien d'une firme ou d'une personne, il se laisse totalement aller. Il est clair que M. Buffett applique le principe ''si tu peux dire quelque chose de bien de quelqu'un, fais-le. Sinon, ne dis rien''.

 

 

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