Pour Ariel Garten, pdg d'InteraXon, ce n’est qu’une question de temps avant que des casques EEG s’imposent comme interface d’interaction avec les ordinateurs. [Photo : Julien Brault]
De passage à Toronto, j'en ai profité pour visiter InteraXon, la start-up de 43 employés qui est derrière le casque Muse. En vente au prix de 299$, le Muse est un casque d'électro-encéphalographie (EEG) capable de mesurer l'activité électrique du cerveau et de transmettre sa lecture à un téléphone intelligent ou une tablette.
Selon Ariel Garten, pdg d'InteraXon, ce n’est qu’une question de temps avant que des casques comme le Muse s’imposent comme interface d’interaction avec les ordinateurs. Le Muse ne remplacera toutefois pas la souris ou l’écran tactile demain matin.
« Dans 10 à 15 ans, cette technologie va devenir un moyen standard d’interagir avec son environnement, de la même manière que c’est naturel aujourd’hui de parler à son iPhone pour obtenir un itinéraire », m'a confié Ariel Garten, qui a recueilli 9,2 millions en capital de risque pour financer sa start-up depuis sa fondation en 2007.
À l'heure actuelle, toutefois, la technologie n'est pas assez fiable pour être utilisée de cette manière. Tout au plus, les casques d'EEG ont été utilisés pour contrôler des jeux, mais c'est plus le caractère original de la technologie que son efficacité qui a suscité l'intérêt jusqu'à présent.
Le casque d'InteraXon serait plus précis que celui de sa concurrente américaine NeuroSky (fondée en 2004), avec lequel plusieurs jeux sont compatibles. Ariel Garten m'a expliqué le Muse était doté de quatre capteurs, contre un seul du côté de NeuroSky.
Malgré tout, reconnaissant les limites actuelles de la technologie, Ariel Garten m'a expliqué qu'elle et ses co-fondateurs ont choisi de miser sur la méditation parce la technologie se prêtait bien à cette application.
En effet, le Muse est aujourd'hui commercialisé comme un outil de méditation. L’application mobile (iOS et Android) qui accompagne le casque permet aux utilisateurs de faire le vide dans leur pensée durant des sessions aussi courtes que trois minutes. « Ces sessions permettent d'améliorer sa concentration et de réduire son niveau de stress », explique Ariel Garten.
L’utilisateur doit faire le vide en comptant ses respirations, avec pour toile de fond une trame sonore évoquant la mer. Lorsque l'utilisateur se met à penser à autre chose, des bruits de vent se font entendre. M'étant prêté à une session de trois minutes, j'ai pu constater de première main que, lorsque j'ai commencé à me demander quand la session se terminerait, l'appareil l'a immédiatement détecté.
Malgré que la start-up mise pour l'instant sur la méditation, les développeurs sont encouragés à concevoir des applications tierces compatibles avec le Muse.
Ariel Garten, pour sa part, n'a pas l'intention de se limiter à la méditation, qui constitue en quelque sorte un cheval de Troie pour susciter l'adoption de la technologie au sein du grand public : « Une partie du problème de fiabilité est un problème de données volumineuses, explique-t-elle. On a qu'à penser à la reconnaissance vocale qui, il y a quelques années, n'était pas fiable du tout, tandis qu'aujourd'hui, je reçois une transcription textuelle de mes messages vocaux qui n'est pas mal du tout. La technologie en est là aujourd'hui, car plus il y a de gens qui utilisent une technologie, plus on peut améliorer l'algorithme qui se cache derrière.»