SNC-Lavalin: mais où est donc passé l'argent?

Publié le 27/03/2012 à 09:15, mis à jour le 27/03/2012 à 09:25

SNC-Lavalin: mais où est donc passé l'argent?

Publié le 27/03/2012 à 09:15, mis à jour le 27/03/2012 à 09:25

 

La suite des choses pour les investisseurs?

Évidemment, il faudra du temps pour obtenir plus de lumière. Dans l’intérim la question est davantage de savoir si les gestes sont isolés, ou s’il se trouve un système de pots-de-vin chez SNC, système auquel il faut désormais mettre fin.

La deuxième hypothèse n’est pas sans risque pour le carnet de commandes. S’il y a un système de pots-de-vin et qu’on y met fin, les contrats pourraient être moins abondants.

Bien qu’il soit impossible de conclure avec certitude sur cette question, le président du conseil, Gwyn Morgan, s’est montré assez convaincant dans son plaidoyer pour des incidents isolés. Bâtisseur d’EnCana, monsieur Morgan possède une rare crédibilité au Canada anglais et ne veut certainement pas la perdre. On notera en outre que la direction financière avait repéré les deux faux pas, ce qui laisse croire que les mailles du filet anti-corruption fonctionnent, à tout le moins lorsqu’il s’agit de gros contrats. S’il y avait d’autres cas d’importance, il y a une présomption qu’ils seraient aujourd’hui sortis.

On se garderait néanmoins de dire qu’il est temps de faire le plein d’actions de SNC Lavalin.

La société estime que son bénéfice 2012 devrait être identique à celui de 2011. C’est nettement en bas de ce qu’attendait le marché.

Il y a eu beaucoup de confusion lors de la conférence téléphonique. Et il semble que l’aperçu de la direction puisse intégrer certaines charges extraordinaires. Il n’en reste pas moins qu’en excluant les activités de son portefeuille d’infrastructures, plusieurs analystes voient maintenant le consensus des bénéfices de SNC descendre de 2,35$ par action à 1,60$.

Historiquement, le titre s’est négocié à 15 fois le bénéfice attendu, mais, dans le contexte actuel, il est douteux que l’on applique un multiple supérieur à 12. C’est donc 19$ de valeur qui devrait être accordée aux activités d’ingénierie. Somme à laquelle il faut ajouter une vingtaine de dollars pour la valeur estimée de son portefeuille d’infrastructures.

Résultat : un cours qui devrait se situer autour des 39$.

Les investisseurs achètent actuellement à plus de 41$. Une autre valeur dont on n’est pas trop sûr dans cette histoire…

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?