Régimes de retraite: les maires ont peur de dire la vérité

Publié le 16/06/2014 à 19:24

Régimes de retraite: les maires ont peur de dire la vérité

Publié le 16/06/2014 à 19:24

Les efforts du maire Régis Labeaume rapporteront beaucoup plus à...Montréal

C'est à la fois agacé et compréhensif que l'on est ressorti lundi de la conférence de presse sur les régimes de retraite donnée par les maires de la région de Montréal et l'UMQ.

Agacé, parce que, à part le maire de Québec, les maires ne disent pas tout, et cachent le but réel de l'opération. Compréhensif, parce que ce but réel n'est pas sans fondement.

Longuement les maires de la région de Montréal ont loué le projet de loi du gouvernement du Québec, un projet qui permet, selon eux, de protéger le contribuable tout en assurant la pérennité des régimes de retraite.

C'est une demi-vérité. Le réel motif du projet de loi sur les retraites est de permettre aux municipalités de récupérer beaucoup d'argent par rapport à ce qu'elles paient déjà. Mais les municipalités ne le disent pas, et personne ne pose de questions parce que bien peu de monde semble l'avoir compris.

L'historique

Petit rappel sur l'historique que l'on faisait la semaine dernière, au lendemain du projet de loi. Ceux qui ont tout ça en mémoire peuvent tout de suite descendre un peu plus bas dans le texte.

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Il y a un peu plus d'un an, Alban D'amours et une équipe d'experts déposaient un rapport destiné à assurer la pérennité des régimes de retraite.

On y proposait notamment une nouvelle méthode de calcul des déficits, baptisée "capitalisation améliorée". L'adoption de cette méthode visait à diminuer les risques de déficits futurs. Mais elle avait aussi pour effet de faire doubler les déficits passés. Vous avez bien lu, faire doubler.

En commission parlementaire, les municipalités, les villes de Québec et Montréal en tête, s'amenèrent pour demander un partage 50-50 des déficits passés (Montréal avait formulé sa demande d'une autre manière, mais l'objectif recherché était le même).

Jusque-là, rien à redire. Depuis quelques années, la facture avait beaucoup monté pour les municipalités (et le contribuable) et il était tout à fait défendable que l'on refuse un nouveau bond.

Le nouveau projet de loi abandonne la recommandation de la méthode de capitalisation améliorée. Si bien qu'on ne parle plus de partager en deux un déficit qui serait doublé, mais de partager en deux le déficit actuel. C'est tout un monde de différence.

L'agacement de la discussion actuelle réside dans le fait que les maires, et le ministre Pierre Moreau, laissent entendre que le projet de loi a pour objet de protéger le contribuable dans le futur. Or, on est plutôt en train de faire une opération de récupération financière, sans vouloir le dire.

Combien récupéreront les municipalités?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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