Pouliot - Le pari audacieux de Tembec

Publié le 19/02/2013 à 09:21, mis à jour le 19/02/2013 à 10:05

Pouliot - Le pari audacieux de Tembec

Publié le 19/02/2013 à 09:21, mis à jour le 19/02/2013 à 10:05

BLOGUE. Le secteur des pâtes et papiers est condamné, et il n'y a aucune croissance structurelle à en espérer, croyez-vous ? Pas si sûr. Tembec pourrait se positionner pour une surprenante croissance dans les prochaines années.

En compagnie de notre directeur de contenus, Yannick Clérouin, on a eu l'occasion de s'entretenir, il y a quelques jours, avec le grand patron de l'entreprise montréalaise, James Lopez. Une rencontre dont on est tous deux ressortis en se demandant si Tembec n'était pas sur le point d'opérer un revirement relativement spectaculaire.

Le pari

Tembec compte plus d'une vingtaine d'usines. Celle de Témiscaming, à elle seule, pourrait lui permettre d'entrer dans une nouvelle ère.

En faisant évoluer ses procédés, l'entreprise a, au fil des ans, développé là-bas des activités de cellulose de spécialité. Il s'agit d'une pâte de qualité supérieure à la viscose qu'elle produisait (et qui ne compte plus aujourd'hui que pour 15 % de la fibre transformée). Elle est généralement utilisée pour donner plus de structure à un produit et entre notamment dans la composition des enrobages de pilules, des produits cosmétiques, des filtres de cigarette et même de la crème glacée !

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Tembec souhaite à terme augmenter la production de l'usine de Témiscaming de 20 %. Dans l'intervalle, elle planche cependant sur un autre projet porteur : la construction d'une usine de cogénération d'électricité.

Le potentiel

Commençons par un mot sur le projet de cogénération et son potentiel.

Tembec a signé une entente avec Hydro-Québec afin de lui fournir 40 MW d'électricité. Évalué à 190 M$, le projet devait s'amorcer ces mois-ci, mais en raison de la forte demande dans le secteur de la construction en Abitibi, il a été reporté d'un an (à cause du risque de dépassement de coût). Il est maintenant prévu que la mise en service aura lieu au printemps 2014. Lorsqu'il sera complété, ce projet devrait annuellement ajouter 42 M$ au bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l'entreprise.

De son côté, le projet d'expansion de cellulose spécialisée est évalué à 120 M$. Il doit se mettre en branle une fois l'usine de cogénération réalisée et être financé à même les flux de trésorerie générés par celle-ci. La date de mise en service n'est pas encore établie, mais le BAIIA anticipé l'est : un autre 40 M$.

Sachant que le BAIIA de Tembec en 2012 a été de 64 M$ (98 M$ en 2011), on voit que le potentiel est très significatif.

Le plus intéressant à court terme est bien entendu le potentiel du projet de cogénération. Mais à plus long terme, l'expansion dans le secteur de la cellulose spécialisée semble elle aussi assez porteuse.

Tembec est numéro deux mondial dans ce marché, derrière l'américaine Rayonier et devant une autre américaine, Buckeye. À elles trois, ces sociétés contrôlent 70 % de l'offre. On est loin du marché de la pâte où aucun acteur ne contrôle plus de 10 % et où tout le monde est sans cesse en train de réduire les prix. C'est ce qui explique que, pendant que les prix des autres matières premières fluctuent sans cesse, celui de la cellulose spécialisée se maintient à de hauts niveaux (plus de 1 600 $ US la tonne). Cela explique également pourquoi les marges sont importantes.

Non seulement les prix du secteur tiennent, mais les volumes sont en progression. L'industrie a un historique de croissance d'environ 4 % par année, ce qui est somme toute conforme à celle du PIB mondial.

Les barrières à l'entrée y sont en plus relativement importantes. Il faut une certaine expertise pour mettre au point les produits et les commercialiser.

Les risques

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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