BLOGUE. C'est avec une certaine surprise que l'on a appris lundi le départ du chef de la direction financière de Metro, Richard Dufresne. C'est avec une plus grande surprise encore que l'on a appris mardi qu'il passait à l'ennemi.
Selon Metro, monsieur Dufresne a annoncé sa démission à la direction lundi matin. Il s'en va chez Weston, qui est dans la boulangerie, mais qui est aussi surtout dans l'épicerie avec Loblaw.
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Metro ne veut pas commenter sur le contrat d'emploi de monsieur Dufresne, et dire s'il comportait ou non une clause de non-concurrence.
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Voici cependant ce que dit l'article 2088 du Code civil du Québec: "Le salarié doit agir avec loyauté et faire usage de l'information à caractère confidentiel qu'il obtient dans l'exécution ou à l'occasion de son travail. Ces devoirs survivent pendant un délai raisonnable après cessation du contrat".
Il est de jurisprudence que la durée et l'intensité des obligations croissent avec l'importance des fonctions occupées.
S'il est quelqu'un dans une entreprise - après son chef de direction - que l'on ne voudrait pas voir passer à l'ennemi, c'est bien le chef de la direction financière. Il n'est généralement pas mieux informé que lui sur les stratégies, les plans de matchs, les recettes et procédés gagnants puisque, qui gère les coûts et les revenus doit aussi en comprendre la provenance et le pourquoi.
Interrogée si elle entendait contester l'arrivée de monsieur Dufresne chez Weston, Metro a indiqué que telle n'était pas son intention.
On se serait attendu au contraire.
Dans un commentaire, Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, dit ne pas entretenir trop de craintes sur le changement de camp de monsieur Dufresne. Il estime que peu d'initiatives significatives sont actuellement en cours chez Metro et qu'avec seulement six ans d'expérience chez l'épicier, il n'était pas un dirigeant de longue expérience.
Peut-être. Mais ça reste à voir. Ce départ fut-il survenu quelques mois plus tôt, qui dit qu'un téléphone de Loblaw n'aurait pas été donné aux propriétaires d'Adonis, cet épicier spécialisé récemment acquis par Metro?
L'affaire survient alors que l'ancien président du Canadien National, Hunter Harrison, est lui aussi prêt à passer à l'ennemi pour aller prendre les commandes du Canadien Pacifique.
À l'heure où plusieurs organisations interpellent leurs employés sur la nécessité de travailler en équipe et pour l'équipe, ces situations ne sont certes pas évocatrices de comportements susceptibles de soutenir le message.