La sottise
Il n'en fallait pas plus pour que la frange irréfléchie de la droite ne sorte de sa tanière.
Le républicain Pat Buchanan a immédiatement répliqué en invitant l'Oracle à laisser la plume de côté et s'est demandé pourquoi Warren Buffett, qui faisait la morale, n'en envoyait pas volontairement plus au trésor américain.
L'argument a été repris par plusieurs et par certains avec un sérieux déconcertant.
C'est une tactique qui date de l'antiquité et qui a malheureusement trop souvent encore une redoutable efficacité: si vous vous sentez faible sur une position, redirigez l'attaque sur une autre question et faîtes dévier le débat.
C'est exactement ce que fait monsieur Buchanan. Changeons le sujet des échanges: Warren Buffett est-il un moralisateur, grand parleur, petit faiseur?
Non seulement réoriente-t-il la discussion, mais il le fait avec petitesse.
Monsieur Buffett ne fait que contribuer au débat public. À un moment où on demande des sacrifices, il estime que le groupe des super riches devrait être visé et ajoute qu'il est prêt à ce sacrifice.
Est-ce une bonne option? Telle est la question. Les opposants se gardent bien d'y répondre, faute de munitions suffisantes.
Non seulement il y a un déséquilibre fiscal à corriger entre la classe moyenne et les super riches, mais, au plan de l'impact sur l'économie, taxer un peu plus les grands portefeuilles financiers serait sans doute ce qui serait le moins dommageable.
Plus on est pauvre, plus l'argent que l'on reçoit est immédiatement réinvesti dans l'économie. C'est la loi de la nécessité. Il vient cependant un niveau de richesse où tout n'est pas dépensé. Aller en chercher quelques montants à ces niveaux n'aurait pas d'impact sur le PIB, alors que retrancher des emplois risque forcément d'en avoir pour un temps (de l'argent de moins dépensé dans l'économie).
La réplique de Buchanan et ses comparses aura à tout le moins eu pour mérite de faire germer une nouvelle avenue potentiellement fort lucrative pour renflouer nos déficits: et si on taxait la sottise?