François Pouliot: Google achète Motorola, qui gagne, qui perd

Publié le 16/08/2011 à 09:11, mis à jour le 16/08/2011 à 09:11

François Pouliot: Google achète Motorola, qui gagne, qui perd

Publié le 16/08/2011 à 09:11, mis à jour le 16/08/2011 à 09:11

 

C'est une transaction pour le moins inattendue: Google achète Motorola Mobility pour 12,5 G $ US. Qui gagne, qui perd dans le monde du sans-fil? Et quel impact pour Research in motion?

Officiellement la transaction a pour but principal de protéger l'écosystème Android, propriété de Google.

Le nombre de poursuites concernant la violation de brevets s'est apparemment multiplié ces derniers temps sur divers éléments du système d'exploitation Android. C'est un risque à ne pas perdre de vue pour Google.

Prenons un brevet qui toucherait une partie du système d'entraînement d'une automobile. Si à la suite d'un jugement vous n'êtes plus en droit d'utiliser votre système d'entraînement, vous faites face à un important problème. Il vaut mieux pour vous avoir quelques pièces de rechange ou d'autres brevets pour faire chanter vos adversaires.

En achetant Motorola Mobility, Google met la main sur plus de 17 000 brevets approuvés et 7 500 en processus d'approbation.

On voit l'ampleur de la police d'assurance qui vient d'être prise. L'argument est moins ressorti lundi, mais c'est aussi et peut-être surtout un très intéressant levier pour la plateforme Android. Google a plus d'argent que n'en avait Motorola Mobility et pourrait potentiellement donner beaucoup plus d'élan à son système.

C'est d'ailleurs cette dynamique de protection et d'amélioration des environnements qui pourrait bien avoir déclenché la surprenante surenchère d'il y a quelques semaines sur les brevets de Nortel.

Google gagne-t-elle?

Très certainement une victoire pour Google, dîtes-vous?

Peut-être, mais qui n'est pas sans certains risques.

Avec cette acquisition, le géant entre dans le jardin des manufacturiers de téléphones intelligents et tablettes. Jusqu'à maintenant, Google avait développé Android comme une plateforme d'exploitation gratuite et ouverte à tous, en étant peu engagée dans le manufacturier (le Nexus étant l'exception).

Le plan de match était en fait de favoriser l'accroissement d'Internet vers la mobilité, ce qui allait permettre de multiplier les affichages publicitaires de Google.

Si on était Samsung ou encore HTC et que l'on fabriquait des téléphones intelligents, on ne serait aujourd'hui plus aussi sûr qu'hier que l'on ne s'est pas fait prendre dans un piège. La plupart ont été consultés par Google et ont autorisé la transaction, mais rien ne garantit qu'ils n'auront pas un jour à payer pour utiliser Android et que Motorola ne sera pas favorisée.

Ces joueurs apparaissent plus perdants que gagnants et pourraient être tentés de chercher un nouveau système d'exploitation pour leurs téléphones et tablettes. Ce qui pourrait conduire Google à radier une partie de la valeur de Motorola Mobility.

Et Microsoft?

Le spectre de la défection fait dire à certains que Microsoft pourrait tirer bénéfice de la situation. Ce n'est pas si clair. Microsoft est déjà proche de Nokia et certains se demandent si la finlandaise ne sera justement pas acquise par la société de Bill Gates. À quoi bon aller faire équipe avec quelqu'un qui pourrait nous réserver le même sort que Google un jour, et qui, dans l'intérim, nous fera payer pour l'utilisation de son système d'exploitation? Aussi bien rester avec Google, qui, pour l'instant, dit ne toujours pas avoir l'intention de faire payer pour Android.

Pas de gains pour Microsoft donc.

Du côté de RIMM alors?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?