Crise des migrants: l'Europe se trouve à un point de bascule

Publié le 11/09/2015 à 22:24

Crise des migrants: l'Europe se trouve à un point de bascule

Publié le 11/09/2015 à 22:24

Selon eux, les migrants sont une chance et non pas une menace pour l'économie européenne. Oui, oui, une chance.

Pourquoi? Parce que sur une longue période, l'immigration est un facteur positif pour la croissance économique et les finances publiques, rappelent unanimement les économistes.

Par exemple, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a analysé le cas du Royaume-Uni. Après l'élargissement de l'Union européenne en 2004 à des pays d'Europe orientale comme la Pologne, le Royaume-Uni a accueilli un million d'immigrés en quelques années.

En bien, cela n'a ni fait bondir le taux de chômage ni fait chuter le niveau du salaire moyen dans ce pays, affirment les économistes de l'OCDE.

La raison est simple: dans la plupart des cas, les migrants veulent travailler et offrir une meilleure vie à leurs enfants. Ce sont donc des gens qui vont consommer, se loger et contribuer à la création de la richesse dans le pays où ils vont s'installer.

L'arrivée massive de migrants représente aussi une occasion pour les entreprises européennes.

Par exemple, en Allemagne, plusieurs entreprises pâtissent d'une pénurie de main-d'oeuvre en raison du déclin démographique de ce pays.

Or, la diminution de la population active menace à terme le dynamisme économique de l'Allemagne. C'est notamment pourquoi ce pays s'est montré si généreux envers les migrants qui affluent en Europe: il en a besoin.

Bien entendu, à court terme, les États européens devront dépenser des centaines de millions de dollars pour accroître et bonifier leurs infrastructures, et ce, des logements aux écoles.

Mais à long terme, il s'agit d'un investissement, insiste le magazine The Economist.

Bien entendu, cette crise ne peut pas perdurer encore des années. Il faut stabiliser la situation, pour revenir à des flux migratoires plus réguliers et contrôlés, font remarquer des analystes.

C'est pourquoi les pays d'Europe et du Moyen-Orient (où sont localisés la majorité des réfugiés syriens) ont tout intérêt à trouver une solution à la crise qui sévit en Syrie depuis le printemps arabe de 2011.

Il faut aussi aider financièrement des pays comme le Liban, la Jordanie et la Turquie qui ont déjà accueilli des centaines de milliers de réfugiés.

Mais d'ici là, l'Europe devra encore accueillir sur son sol des migrants.

Reste à savoir quelle sera la réponse collective des Européens face à cette crise migratoire sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Feront-ils preuve d'ouverture ou de fermeture?

Le 31 août, la chancelière allemande Angela Merkel a mieux résumé que quiconque l'enjeu fondamental de cette crise.

«Les droits civils et universels ont été jusqu'à présent étroitement liés à l'Europe et à son histoire, en tant que principes fondateurs de l'Union européenne. Si l'Europe échoue dans la crise des réfugiés, ce lien avec les droits civils sera rompu.»

Voilà pourquoi l'Europe se trouve a un point de bascule.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand