Startup Fest: les capital-risqueurs sont-ils détestables?

Publié le 17/07/2015 à 09:13

Startup Fest: les capital-risqueurs sont-ils détestables?

Publié le 17/07/2015 à 09:13

Par Diane Bérard

Cette semaine se déroule la 5e édition du Startup Fest dans le Vieux-Montréal

Les capital-risqueurs (venture capitalists, VC) sont-ils des êtres détestables? C’est ce que croient plusieurs entrepreneurs. En fait, la relation capital-risqueurs/entrepreneurs en est une d’amour-haine. «Pourquoi ne pas crever l’abcès ?», ont pensé les organisateurs du Startup Fest, qui a lieu dans le Vieux-Port de Montréal. C’est donc sous le thème «Pourquoi détestez-vous les capital-risqueurs… et pourquoi vous ne devriez peut-être pas» que l’on a présenté cet atelier.

L’animateur, John Stokes, est un pilier de la communauté montréalaise de capital-risque. C’est un des associés du fonds Real Ventures. «Je suis devenu capital-risqueur parce que je détestais les capital-risqueurs. Je me suis dit 'tentons de faire mieux qu’eux.' De toute façon, je ne pouvais faire pire.»


« "Les capital-risqueurs devraient être réactifs, pas interventionnistes", Angela Tran Kingyens, fonds Version One »

Le panel s’est déroulé devant une salle bondée d’entrepreneurs et… d’un seul capital-risqueur! Les panélistes étaient :

-Angela Tran Kingyens, du fonds Version One, de San Francisco

-Damien Steel, du fonds Omers Ventures, une création du fonds de pension Omers des employés municipaux de l’Ontario

-VJ Anma, entrepreneur et créateur du fonds IdeaMarket.

Les capital-risqueurs se fichent des entrepreneurs

Damien Steel, «Je reçois entre 200 et 300 courriels par jour et je réponds à chacun d’entre eux. Mais j’ai une liste de priorités: les entreprises de mon portefeuille passeront toujours avant les nouveaux projets. Si un entrepreneur que je finance à besoin de mon aide, c’est lui que j’appelle en premier.»

Angela Tran Kingyens, «Nous sommes un nouveau fonds, il faut nous tailler une place. Je veux que les entrepreneurs pensent à nous pour leur financement, alors je fais beaucoup de rencontres. Je réponds à tous mes courriels… sauf ceux qui sont génériques. Je réponds à ceux qui s’adressent à notre firme en particulier, pas aux entrepreneurs qui cherchent du financement et frappent partout à la fois.»

Les panélistes ont toutefois reconnu que certains capital-risqueurs affichent une attitude cavalière, se présentent en retard aux rendez-vous avec les entrepreneurs, les écoutent peu et consultent leur téléphone intelligent, etc. Ils n'ont pas à vous traiter ainsi, dénoncent les panélistes. Si c'est le cas, allez voir ailleurs.

Les capital-risqueurs mentent

Damien Steel, «Vous allez passer entre cinq et dix ans de votre vie avec votre capital-risqueur, assurez-vous de bien le connaître avant de vous engager dans une relation avec lui. Chaque investisseur est différent. Par exemple, ne confondez pas un capital-risqueur et un ange financier. Ils n’ont pas les mêmes attentes ni les mêmes méthodes. Passez appels, parlez à d’autres entrepreneurs de son portefeuille pour savoir à quoi vous attendre d’un capital-risqueur. J’ai rarement rencontré un entrepreneur qui comprend ma réalité.»

Les capital-risqueurs laissent les entrepreneurs à eux-mêmes

Certains entrepreneurs estiment que les capital-risqueurs sont trop interventionnistes. VJ Anma, qui est à la fois entrepreneur et capital-risqueur, ajoute que cette aide est souvent inutile.

«Plusieurs capital-risqueurs vous vendent leur valeur ajoutée en plus de leur argent. Ils disent qu’ils vont vous aider. Mais, souvent, leur aide nuit. Il est vrai qu’un regard neuf sur votre entreprise peut être utile. Toutefois, la façon dont les capitaux-risqueurs interviennent n’est pas toujours efficace.»

Les deux autres membres du panel, quant à eux, se définissent comme non-interventionnistes.

Angela Tran Kingyens, «Si nous avons bien fait notre travail, que nous avions bien sélectionné nos investissements, nous ne devrions pas nous mêler de leurs affaires. Les capitaux-risqueurs devraient être réactifs, pas interventionnistes. Nous devrions répondre aux demandes des entrepreneurs de notre portefeuille, pas plus.»

Damien Steel, «Je ne veux pas gérer votre entreprise à votre place. Je vais vous aider si vous avez besoin de moi, mais c’est tout.»

Il est plus facile pour une startup canadienne de trouver du financement à Silicon Valley qu’au Canada

Gros débat entre le panel et la salle à ce sujet. La salle, composée d’entrepreneurs, répond «oui». Le panel de capitaux-risqueurs répond «non». Dans le cas d’une entreprise en démarrage, avec peu d’historique, les panélistes affirment que si on vous refuse du capital-risque au Canada, vous n’en aurez pas plus aux États-Unis.

Angela Tran Kingyens, «Il est difficile pour un fonds de San Francisco d’investir dans une entreprise de Montréal ou de Toronto qui n’a pas d’historique. L’entreprise est loin de nous, elle plus difficile à comprendre et à suivre.»

Damien Steel, «La seule différence entre un capital-risqueur canadien et américain se situe après l’investissement. Le Canadien est trop gentil. L’Américain, lui, ne se gêne pas pour intervenir et congédier le pdg s’il ne convient pas.»

Combien de temps faut-il attendre la réponse d’un capital-risqueur?

Angela Tran Kingyens, «Notre fonds est petit, notre équipe aussi. En une semaine ou deux, vous aurez une réponse.»

Damien Steel, «Selon la complexité du secteur et du projet il faut nous laisser jusqu’à trois semaines. Mais tout entrepreneur à qui un fonds n'a pas répondu après un délai de trois semaines devrait s’inquiéter et regarder ailleurs.»

Quelles sont vos chances d’être accepté par un capital-risqueur?

1%

Et vous, comment se porte votre relation avec votre capital-risqueur? Et vous, capital-risqueur, vous sentez-vous incompris?

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