Les entreprises veulent-elles vraiment qu'on achète "local"?

Publié le 19/12/2011 à 17:07, mis à jour le 19/12/2011 à 17:20

Les entreprises veulent-elles vraiment qu'on achète "local"?

Publié le 19/12/2011 à 17:07, mis à jour le 19/12/2011 à 17:20

Par Diane Bérard

BLOGUE Achèterez-vous des cadeaux de Noël “fabriqués au Québec”? Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour encourager l’économie locale?

En France, c’est l’enjeu principal des prochaines élections: démondialisation, réindustrialisation, achats locaux, production locale… tous les candidats, qu’ils soient de la droite ou de la gauche, déclinent leur version de ce thème.

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Les nuances du discours portent en grande partie sur la fermeture ou pas que l’on doit imposer à l’économie française; faut-il hisser les drapeaux protectionnistes?

À l’approche des Fêtes, l’Express a sondé les consommateurs français: achèteront-ils local? Bof... Réponses tièdes, avis partagés. Mais, un point commun: le nationalisme économique coûte cher. Trop cher.

Les consommateurs/citoyens refusent de faire le premier pas. “Nous achèterons français lorsque l’on produira français”, martèlent les uns. “Redonnez-nous d’abord des emplois et des usines. Ensuite, nous achèterons français”, renchérissent les autres.

Une campagne d’achat local, est-ce ringard? S’agit-il de la bonne solution ou simplement d’un petit pansement sur un gros bobo?

Au fait, quel est le but d’acheter "local": préserver les emplois? Si c’est le cas, cela ne règle en rien le sort des chômeurs ni de la croissance anémique. Il faudra d’abord un accroissement substantiel du volume d’achats locaux pour entraîner la création de nouvelles usines en France ( ou au Québec). Mais, pour que les achats locaux augmentent, il faudra que les prix baissent. Or, ceux-ci ne baisseront que lorsque les ventes seront au rendez-vous. Et encore, ils ne rejoindront jamais ceux des produits étrangers ( lire en provenance de l'Asie ou de l'Europe de l'est). On tourne en rond…

On sait à quelle enseigne logent les politiciens: ils veulent se faire élire. Compte tenu de la conjoncture, la nationalisme économique semble une bonne corde sensible à faire vibrer. Soit!

Quant aux déchirements des consommateurs entre le coeur et le portefeuille, on les connait aussi. Je vous invite à lire cette chronique du site rue89 intitulée: "J'ai essayé d'acheter français, je suis presque ruinée".

Ce qu’on connait moins, c’est ce que pensent les gens d’affaires de cette polémique. Veulent-ils nécessairement que nous achetions “local”? Cela convient-il au modèle d’affaires qu’ils ont mis des années à implanter? Un modèle qui inclut des achats à l'étranger et peut-être aussi des employés et des usines à l'étranger. Si l'on insiste pour acheter "local" allons-nous leur simplifier la vie ou la compliquer?

Je suis loin d’être convaincue que les entreprises "locales" veulent en bloc que nous achetions “local”. Certaines, oui. Je pense aux producteurs de fruits et de légumes. Et à certains designers. Mais, pas toutes. Pas celles qui produisent à l’étranger et assemblent ici. Ou qui produisent et assemblent à l’étranger. Toutes n'ont pas nécessairement avantage à ce que les règles du jeu changent.

Cette histoire de réindustrialisation et de patriotisme économique n’est pas simple. Les entreprises ont mis des années à revoir leur façon de produire. Elles ont changé leur structure, leurs façons de faire ( et de penser), leur personnel… Et voilà qu’aujourd’hui on parle de revenir en arrière. Pas certaine que cela leur convienne. C’est probablement pour cela que le débat de la réindustrialisation se fait, pour l’instant, sans elles.

Mais, pour combien de temps? Vont-elles finir par se faire entendre? À moins que leur silence vaille mille mots (maux).

Lire ici ma chronique précédente

 

 

 

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