Hillary Clinton (HRC) était de passage à Montréal, hier soir. Elle était conférencière invitée pour la série « Leaders internationaux » de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain. Lors d’une conférence qui avait toutes les allures d’un « road show » pré-campagne électorale, madame Clinton a consacré plus des trois-quarts de son discours au sort des femmes, dans les pays émergents aussi bien que dans les pays avancés. « Certains pays ont un plafond de verre. D’autres, un plafond en ciment », a-t-elle déclaré.
Hillary Clinton a longtemps milité pour l’égalité hommes-femmes au nom de la justice. Mais, comme plusieurs autres, elle a réalisé que cette stratégie ne menait nulle part. Ce type d’argument a très peu servi à faire avancer la cause des femmes. Aujourd’hui, c’est à coup de chiffres que madame Clinton se bat pour l’égalité hommes-femmes. Au nom de la croissance économique plutôt que de l’équité. Et ça fonctionne mieux. C’est en parlant d’économie et non de justice sociale que l’on va améliorer le sort des femmes, a-t-elle déclaré hier soir.
Elle cite sa visite dans un village africain où elle a observé le travail immense accompli par les femmes. Un travail non rémunéré et non comptabilisé.
- « Comment évaluez-vous la contribution de ces femmes au PIB de leur pays ? », demande-t-elle à répétition aux économistes des grandes institutions internationales.
- « Nous ne l’évaluons pas, il fait partie de l’économie informelle », ont-ils longtemps répondu.
Les choses ont changé. Une prise de conscience, assortie des progrès de la technologie, permet désormais de comptabiliser, un peu, la contribution des femmes à l’économie internationale.
Aux États-Unis, par exemple, la participation des femmes au marché du travail a permis d’ajouter 3,5 billions de dollars à l’économie. On évalue entre 9% et 35%, selon le pays, la croissance qu’apporterait une plus importante inclusion des femmes à l’économie.
Madame Clinton a aussi abordé le thème de la gouvernance et de la corruption. Les villages indiens gérés par des femmes connaissent moins de problèmes de corruption que ceux gérés par des hommes, a-t-elle souligné. Il est vrai que nous n’avons pas vu beaucoup de femmes défiler à la commission Charbonneau…
Hier soir, au Palais des Congrès, madame Clinton était en forme. Oratrice hors pair, elle nous a démontré qu’elle navigue dans les eaux troubles de la politique étrangère comme une pro. Nous avons eu droit à un vibrant plaidoyer pour une étroite collaboration Canada-États-Unis sur les questions de l’énergie et de l’exploration de l’Arctique. Interviewée par Sophie Brochu - la pdg de Gaz Métro - plutôt que par un journaliste ( la formule retenue par le Chambre de commerce du Montréal Métropolitain veut éviter de mettre les conférenciers « mal à l’aise ») madame Clinton était tout sourire. Elle a pu briller sans craindre des questions plus musclées.
HRC a multiplié les anecdotes. J’en retiens une. Cette dame a passé sa vie à défendre la cause des femmes, à les inciter à foncer. Elle incarne le succès et l’ambition. Elle sera peut-être la première présidente des États-Unis. Et pourtant… le jour où on lui a demandé de se lancer dans la course pour le poste de sénateur de l’État de New-York… elle a dit «non». Un «non» qu’elle a répété à plusieurs reprises avant de céder. Depuis, elle a appris à dire «oui». Et s'avoue la première surprise de ces moments de doute où elle a dit «non» alors qu'elle a toujours incité les autres femmes à dire «oui». Prononcera-t-elle l'ultime «oui», le plus important de sa carrière, en sa lançant dans la course à la présidence des États-Unis? Hier soir, tous les signaux pointaient dans cette direction.
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