La bataille mondiale du salaire minimum

Publié le 27/01/2014 à 10:10

La bataille mondiale du salaire minimum

Publié le 27/01/2014 à 10:10

Par Diane Bérard

Un million de Canadiens reçoivent le salaire minimum ou moins. Cela représente 6,7% de la population active. Avant la crise de 2008, ce groupe constituait 5,2% de la population. Au Québec, le salaire augmente chaque année depuis 2004. Il s’élève à 10,15$. Ceci situe le Québec au centre: six provinces affichent un salaire minimum plus élevé et six autres un salaire plus bas.

On évalue que lorsqu’il se situe autour de 45% du salaire moyen, le salaire minimum représente un compromis «acceptable». Il ne crée «pas trop» de chômage ( il n’empêche pas les entreprises de recruter) tout en ayant un impact positif sur le pouvoir d’achat des employés. Le salaire minimum québécois représente 42,6% du salaire moyen de la province. En Ontario, il représente 39,1% du salaire moyen et  en Alberta, 31,1%.

Avec ses augmentations régulières, à chaque mois de mai depuis 2004, le salaire minimum québécois constitue un modèle. En Ontario, il n’a pas augmenté depuis quatre ans. Aux États-Unis, il plafonne à 7,25$/heure depuis juillet 2009. Ajusté en fonction de l’inflation, ce salaire est 23% plus bas qu’en 1968! S’il avait tenu compte de l’inflation, le salaire minimum américain s’élèverait à 25$/heure.

Aujourd'hui, un panel mandaté par le gouvernement ontarien remet ses recommandations concernant le salaire minimum. On s’attend à ce qu’il suggère une augmentation, ainsi qu’un mécanisme de hausse automatique.

Le salaire minimum, une discussion mondiale

C'est dans l'air du temps. Et cela ne se calmera pas. On a vu les grèves des employés du secteur de la restauration rapide américaine. Les soulèvements des travalleurs chinois et cambodgiens. Les discussions au parlement britannique et suisse. La conversation autour du salaire minimum est mondiale. Elle est liée à la croissance des inégalités et à la reprise vacillante.

L’exemple extrême est celui de Walmart qui a récemment organisé une collecte de fonds pour ses propres employés. Certains d’entre eux doivent recourir aux banques alimentaires car leur salaire ne suffit pas. Il faut dire qu’en plus d’un salaire horaire très bas, plusieurs employés de Walmart doivent se contenter d’un travail à temps partiel, afin que l’entreprise n’ait pas à défrayer d'avantages sociaux.


« Un employé payé équitablement sera toujours plus productif et motivé qu’un employé sous-payé. Et l'effort fourni sera en conséquence. »

Le dilemme du salaire minimum

Établir un salaire minimum s'avère un exercice délicat. Trop faible, il empêche les employés de joindre les deux bouts. Un Américain qui occupe un emploi à temps plein au salaire minimum gagne 15 080$US. Cela se situe sous le seuil de la pauvreté pour une famille de trois.

Trop élevé, le salaire minimum freine les élans de recrutement des entreprises.

Le défi: répartir les coûts. Car si les entreprises n’offrent pas un salaire décent, c’est l’État qui doit compenser par l'entremise des programmes sociaux. LÉtat doit aussi absorber les coûts de santé ( physique et mentale) associés à des revenus insuffisants.

Des solutions

On évoque plusieurs avenues: établir un revenu minimum garanti, des hausses automatiques – donc prévisibles – du salaire minimum, un allégement fiscal pour les travailleurs au salaire minimum, des investissements gouvernementaux en formation pour accroître l’employabilité de certaines catégories de travailleurs, etc.

Le problème est complexe, il faut explorer plusieurs avenues. Mais, peu importe les solutions retenues, un employé payé équitablement sera toujours plus productif et motivé qu’un employé sous-payé.

Offrir des allégements fiscaux aux employés à faible revenu améliore leur pouvoir d’achat, certes. Mais cela ne change en rien leur perception de la façon dont leur employeur les traite et les considère. L'effort fourni sera en conséquence. Il est vrai qu'au-delà d'un certain seuil, le salaire n'est pas un facteur de motivation ni de bonheur au travail. Mais dans le cas des employés au salaire minimum, ce seuil est encore bien loin.

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