Changements climatiques: voici comment David Usher veut faire passer le message

Publié le 13/03/2017 à 16:42, mis à jour le 14/03/2017 à 16:49

Changements climatiques: voici comment David Usher veut faire passer le message

Publié le 13/03/2017 à 16:42, mis à jour le 14/03/2017 à 16:49

Par Diane Bérard

C’était complètement imprévu! «Les efforts récents de la Chine pour réduire ses émissions de carbone ont permis de reculer d’une année la date à laquelle la température sur la planète aura augmenté de deux degrés», explique le chanteur David Usher, fondateur du Human Impact Lab.

Cet accélérateur d’idées, situé dans le quartier Mile End à Montréal, conjugue les arts, la science et la technologie pour vulgariser l’impact d'enjeux humains complexes sur notre vie.

La création phare du Human Impact Lab est l’horloge climatique (Climate Clock), projetée sur un mur de l’Université Concordia, angle de Maisonneuve et Guy, du 10 au 19 mars, du coucher du soleil jusqu’à minuit.

Au moment où d’écrire ces lignes, il reste 29 ans, 3 mois, 12 jours, 22 heures, 40 minutes, 36 secondes avant d’atteindre un réchauffement de deux degrés. Cette échéance a été calculée par une armée de scientifiques qui ont tenu compte du niveau actuel d’émissions de carbone.

«L’horloge climatique a été affichée pour la première fois à Montréal l’an dernier, explique Gillian Nycum, directrice des partenariats stratégiques du Human Impact Lab. Depuis, elle a été projetée à travers le monde. Nous sommes un OBNL, nous rendons notre horloge accessible à tous ceux qui souhaitent l’afficher sur leur site Internet ou lors d’un événement. L’échéance sera recalculée chaque année.»

L'horloge climatique créée par l'OBNL montréalaise Human Impact Lab est affichée cette semaine sur un mur de l'université Concordia

Raconter l’histoire du changement climatique autrement

David Usher est chanteur. Il connaît l’art de raconter des histoires. «Voilà des décennies qu’on tente de faire comprendre l’impact du changement climatique aux citoyens, dit-il. On n’y arrive pas. Le message ne dépasse pas le groupe des convertis. Il faut storifier autrement. Employer un autre message, d’autres outils et une autre méthode.»

Le message qu’Human Impact Lab a retenu? Le nombre d’années. «On évoque toujours le changement climatique en parlant du comment. Du nombre de degrés. Ça n’adhère pas à notre imaginaire. Nous calculons notre vie en années, pas en degrés. On pense au temps qu’il nous reste, à celui qu’il reste à nos enfants. Il faut incarner le changement climatique de la même manière», explique David Usher

Les outils sont ceux des «conteurs d’histoires modernes», soit les programmeurs, les développeurs de jeux vidéos, les graphistes et autres experts. «Pour la phase 2 de notre horloge climatique, par exemple, nous collaborons avec le Studio Normal, créateur montréalais d’environnements vidéos et scéniques, et le Festival numérique Maap Mtl. Ils nous aident à ajouter des fonctions interactives à l’horloge» poursuit l’entrepreneur.

Un processus inspiré des start-ups

En mai 2015, David Usher a publié «Let the Elephants Run, Unlock your Creativity and Change Everything». Il y avance l’idée suivante, la créativité n’a rien à voir avec la chance, c’est une question de méthodologie et de processus. «Nous vivons dans un monde d’idées gratuites et surabondantes. Je peux visionner des tas de bons documentaires. Chacun me fera oublier le précédent. Pour éviter que cela arrive à votre idée il faut l’entourer d’un plan et d’un processus.»

Human Impact Lab fonctionne comme une start-up techno. «On crée rapidement un produit suffisamment bon pour être présenté. On le teste et on retire et remplace ce qui ne fonctionne pas. Et chaque fois que nous rencontrons un écueil on prend une des trois décisions suivantes: on pivote, on arrête ou on poursuit.»

Rising Seas, l’autre projet de Human Impact Lab

Vous vivez dans une ville côtière. Vous assurez des propriétés riveraines. Vous êtes promoteur immobilier ou touristique. Vous vous demandez où en sera le niveau de l’eau dans une région donnée dans quelques années. La carte 3D Rising Seas répond à cette question. Pour ce projet, le Human Impact Lab a réuni le géant américain du logiciel Autodesk, le studio montréalais iLLOGIKA et l’ONG californienne The Bay Institute. Les premières installations seront déployées à San Francisco.

Prochaine étape pour l’horloge climatique?

«Nous y ajouterons des variables qui peuvent avoir un impact sur l’échéance. Les politiques publiques, par exemple. Nous estimons que si tous les engagements de Cop 21 sont respectés, l’échéance du deux degrés sera repoussée de deux ans. À l’inverse, si Donald Trump réussit à faire annuler complètement Cop 21, nous devançons l’échéance de six ans.»

Le rôle des entreprises?

«Chaque jour, je rencontre des gens d’affaires qui se soucient de l’avenir de la planète, affirme David Usher. Nous avons besoin d’eux. Human Impact Lab repose sur la collaboration de tous les univers: académique, scientifique, politique, corporatif et citoyen.» Il poursuit, «Que l’on soit artiste, progammeur, scientifique ou gestionnaire, on en arrive tôt ou tard à la question suivante: est-ce suffisant? L’art suffit-il? La technologie suffit-elle? La science suffit-elle? Cette question m’a menée à créer Human Impact Lab et c’est elle qui incite les gens à collaborer avec nous.

Pour ceux qui ont envie d'en savoir plus, vous pouvez assister à l'événement public du 18 mars, de 18h à 20h à Concordia.

À la une

Les profits d’Alphabet bondissent

17:08 | AFP

La maison mère de Google a été portée par la publicité, le cloud et l’IA.

Microsoft fait mieux que prévu au premier trimestre

17:19 | AFP

Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de la Bourse, l’action Microsoft gagnait près de 5%.

Les prévisions d’Intel déçoivent

18:43 | AFP

Les prévisions pour la période en cours ont hérissé le marché.