Hausse du salaire minimum, une solution dépassée?

Publié le 01/05/2014 à 09:46

Hausse du salaire minimum, une solution dépassée?

Publié le 01/05/2014 à 09:46

Par Diane Bérard

BLOGUE. Aujourd’hui, le salaire minimum québécois augmente de 20 cents pour atteindre 10,35$/heure. Pour les employés à pourboire, il grimpe à 8,90$ (+ 15 cents).

Pendant ce temps, aux États-Unis, le Sénat a refusé de faire de même. Et ce, malgré le plaidoyer d’Obama. Le salaire minimum des Américains n’a pas bougé depuis 2009. Il est de 7,25$/heure. Le projet de loi visait à faire grimper celui-ci à 10,10$/heure. Précisons que les états américains sont libres d’établir un salaire minimum plus élevé que le plancher fédéral.

Obama veut faire passer le salaire minimum à 10,10$ pour lutter contre les inégalités, un problème croissant et endémique de l’économie américaine. Au Canada aussi… Un rapport de L’OCDE publié aujourd’hui pointe le Canada comme l’un des pires pays quant à la croissance de l’écart des revenus. Selon l’OCDE, entre 1981 et 2012, les citoyens les plus riches ( 1%) ont capté 37 % de la croissance des revenus. Aux États-Unis, cette proportion atteint 47%.

Hausser le salaire minimum est-il une bonne façon – une méthode efficace – pour réduire les inégalités économiques?

Le Forum économique mondial a mené ce débat en décembre dernier. Voici ce qui en est ressorti.

Pour la hausse du salaire minimum

1- La hausse doit être significative. Par exemple, faire passer le salaire minimum américain de 7,25$/heure à 12$/heure accorderait 5000$ de plus par travailleur, donc 10 000$ de plus par famille. Et l’État ferait des économies au niveau de coupons alimentaires, entre autres. Le hic : l’État et le contribuables épargnent, mais les entreprises voient leurs coûts augmenter.

2- Un travailleur pauvre est un consommateur pauvre. Le consommateur représente un acteur important de la relance économique.

Contre la hausse du salaire minimum

1- Nous ne nous attaquons pas au véritable problème : le chômage. Centrer le débat sur le salaire minimum aide une infime partie des travailleurs, dont plusieurs sont des adolescents qui travaillent à temps partiel. De plus, hausser le salaire minimum pourrait nuire à la création d’emploi – parce que cela augmente les coûts de main-d’œuvre des employés – et accentuer la détresse des chômeurs.

2- Nous ne nous attaquons pas au véritable problème : le travail à temps partiel. De plus en plus de travailleurs n’arrivent pas à décrocher un emploi à temps plein. Ils doivent combiner plusieurs postes à temps partiel pour cumuler un revenu acceptable. Et, bien sûr, aucun de ces emplois à temps partiel ne leur permet d’avoir accès à des avantages sociaux. Ils sont perdants sur toute la ligne. Hausser le salaire minimum détourne l’attention de problème de la multiplication.


« Hausser le salaire minimum éclaire trop une mesure qui ne règle pas les défis économiques actuels. Les vrais problèmes restent dans l'ombre. »

3- Nous ne nous attaquons pas au véritable problème de l’économie: la redistribution de la richesse. Hausser le salaire minimum n’a aucun impact sur la captation de richesse par un petit groupe. Il faut plutôt revoir les mécanismes de subventions et d’exemption qui ne créent pas de véritable croissance économique. Encore moins de croissance durable.

4- Hausser le salaire minimum accélère le remplacement des travailleurs par la technologie. L’État ferait mieux de subventionner – en partie ou en totalité – la hausse du salaire minimum que de laisser les entreprises combler la différence.

Hausser le salaire minimum améliore-t-il vraiment le sort des travailleurs, et de l'économie ?

La Nouvelle-Zélande fut le premier État à établir un salaire minimum. C’était en 1894. Le but, à l’époque, était de lutter contre la pauvreté abjecte des employés des usines de misères. Un objectif noble et pertinent. Mais c’était il y a 120 ans.

La planète économique a changé depuis. Hausser le salaire minimum crée un bruit de fond trop sécurisant. Et place beaucoup d’éclairage sur une mesure qui a peu d’effet sur les  défis économiques et sociaux du 21e siècle. Pendant ce temps, les vrais problèmes demeurent dans l’ombre. Bref, hausser le salaire minimum est - peut-être – une condition nécessaire. Mais certainement pas suffisante.

ME SUIVRE SUR TWITTER : diane_berard

 

À la une

Et si les Américains changeaient d’avis?

Il y a 44 minutes | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

Cuivre: le «roi des métaux verts» dépasse 10 000$US la tonne

13:27 | AFP

Le métal rouge est sous le feu des projecteurs depuis l’offre de rachat du géant BHP sur son rival Anglo American.

Le géant BHP fait une proposition de 31 milliards de livres pour Anglo American

Cet accord créerait le plus grand mineur de cuivre au monde.