BLOGUE. Il est souvent question des difficultés de l’économie américaine en particulier son incapacité à croître de façon soutenue et suffisamment pour créer des emplois. On a beaucoup parlé de la torpeur relative de la reprise économique depuis le creux de 2009. Ce n’est pas faux car la croissance a déçu aux États-Unis, même si elle a été supérieure à ce qu’on a vu en Europe.
Par contre, on fait trop peu mention à mon avis du revirement assez spectaculaire du portrait financier du consommateur américain. En effet, la crise a fait perdre un gigantesque 19 000 milliards de dollars à la richesse des foyers américains. En quelques mois, ils ont perdu pratiquement 25% de leur valeur nette! Ouf.
Pendant ce temps, le chômage explosait et les nouveaux emplois étaient inexistants, les entreprises étant paralysées par la crainte et l’incertitude.
Cinq ans plus tard, la valeur nette des foyers américains a rebondi au point de franchir un nouveau record de tous les temps à 71 000 milliards de dollars (je vous rappelle qu’on calcule cette valeur en soustrayant la dette totale des consommateurs de leur actif).
De plus, en 2007, bien des Américains souffoquaient sous le fardeau de leur dette. Ils consacraient ainsi un record de 14% de leur revenu disponible à rembourser leurs dettes. Au premier trimestre de 2013, ce ratio n’est plus que de 10,49, un niveau record tellement il est déprimé!
C’est un revirement spectaculaire. Je sais bien que les taux d’intérêt historiquement déprimés ont un été un baume sur les plaies des consommateurs. Dans ce sens, on peut au moins dire que la politique monétaire de la banque centrale américaine a fonctionné (le consommateur canadien lui a profité des taux peu élevés pour augmenter son endettement).
De plus, bien des propriétaires de maisons, incapables de payer leur hypothèque, ont tout simplement remis les clés à leur banque.
Par contre, ce revirement a été réalisé malgré un contexte économique ordinaire et une création d’emplois décevante.
À long terme, cette nouvelle santé financière est une merveilleuse nouvelle pour l’économie. En effet, les dépenses des consommateurs représentent toujours plus des deux tiers de l’économie. En faisant du désendettement une priorité, de nombreux Américains ont remis à plus tard des dépenses.
Ce plus tard, avec la confiance qui revient et la croissance qui se poursuit, se rapproche constamment et fournira du carburant à l’économie dans les prochaines années.
Bernard Mooney
