Blogue. La Bourse chinoise vit des moments difficiles. Elle a perdu plus de 25 % par rapport à son sommet de 2009.
Les autorités chinoises tentent de ralentir leur économie et les investisseurs n’aiment pas ça.
En fait, la situation en Chine est complexe. En plus d’avoir leur propre économie à mater, les Chinois subissent les aléas des développements économiques mondiaux. Par exemple, si la croissance ralentit en Europe, ou disparaît, les usines chinoises perdront des clients.
Et il y a le jeu crucial et méconnu des devises. La crise européenne a fait crouler l’euro et a fait bondir le dollar américain. Comme la devise chinoise est collée à celle des Etats-Unis (ce qui est le cas de plusieurs pays asiatiques dont Singapour, Hong Kong et la Corée du Sud), le yuan s’est donc apprécié par rapport à l’euro.
Subitement, les exportations chinoises coûtent 16 % de plus (soit elles coûtent plus cher du point de vue européen ou elles rapportent moins, du point de vue chinois). Ce qui me rappelle la déclaration d’un dirigeant chinois à l’effet que les exportations chinoises avaient des marges bénéficiaires de moins de 2 %.
En passant, l’idée de lier sa devise au dollar US reposait sur la volonté de s’accrocher et de profiter de la plus importante économie du monde. Pas une mauvaise idée en soi, mais le monde a changé.
On a passé des années à se moquer du dollar américain et de sa dépréciation systématique. Sauf qu’une grande partie du système économique mondial a prospéré à partir de cette faiblesse.
Le dollar US est maintenant en reprise, après un important creux en 2008. S’il continue à s’apprécier de façon sensible, cela aura des conséquences qu’on a de la misère à imaginer, notamment en Asie.
Par exemple, plus le dollar US grimpe, moins la Chine est compétitive. Si vous ajoutez à cela les tentatives du gouvernement chinois pour calmer la spéculation et l’inflation, les problèmes en Europe et la reprise américaine qui sème des doutes, vous avez une situation de plus en plus inquiétante en Chine.
Une des causes de la crise asiatique de 1998 était justement l’appréciation sensible du dollar américain. De 1995 à 1997, le dollar s’était apprécié de 12 % par année par rapport aux devises européennes, frappant directement la compétitivité asiatique.
C’est à suivre…
Bernard Mooney
