NorthStar Earth and Space: ce «Softimage de l'espace» veut mettre Montréal en orbite

Publié le 18/10/2019 à 06:30

NorthStar Earth and Space: ce «Softimage de l'espace» veut mettre Montréal en orbite

Publié le 18/10/2019 à 06:30

(Image: courtoisie)

L’humain est une espèce qui ne manque pas d’imagination. Mais ce n’est pas non plus la plus propre. Alors quand vient le temps de parler de l’ouverture de l’espace au secteur privé, la question des déchets spatiaux arrive rapidement.

Pas seulement pour des principes environnementaux. «À l’heure actuelle, l’Agence spatiale européenne compte quelque chose comme 1,2 million de débris flottant en orbite près de la Terre. Et pourtant, on ne répertorie que 2000 satellites», lance Stewart Bain, cofondateur de NorthStar Earth and Space, une société établie à Montréal, à deux pas de l’OACI, qui compte bien faire le ménage dans tout ça.

Un ménage algorithmique, s’entend. L’entreprise souhaite mettre en place une «constellation» de 40 satellites qui utilisent une imagerie hyperspectrale (qui utilise plusieurs bandes du spectre visible et invisible) afin de suivre de très près l’évolution de l’environnement terrestre et spatial.

D’où son nom.

Un marché qui se privatise rapidement

«Jusqu’ici, le marché de l’espace était essentiellement contrôlé par les gouvernements. On lançait des satellites sans se poser de questions. Mais l’ouverture de l’orbite terrestre au secteur commercial va nécessiter que tout ce qui s’y trouve soit contrôlé, monitoré, mesuré, avec une précision qu’on n’atteint pas vu du sol terrestre», résume M. Bain.

Avec ses satellites bourrés de capteurs, NorthStar va accumuler tout plein de données sur l’état des choses autour de notre planète. L’affaire de 4 gigaoctets de données à la minute. Pour bien traiter tout ça, et en sortir de l’information à valeur ajoutée (ça va de la pollution de l’eau des lacs et océans au mouvement des objets orbitaux faisant 5 cm ou plus), NorthStar développe une intelligence artificielle à l’aise avec ce volume de données.

Tout ça sera aussi proposé à des partenaires sous forme d’une plateforme à partir de laquelle il sera possible de créer des applications plus spécifiques, qu’il s’agisse de suivre l’évolution d’un feu de forêt, d’une fuite de pétrole sous-marine, ou autre.

Le potentiel de cette technologie est grand pour une foule de raisons. M. Bain et son équipe montréalaise de quelque 25 employés s’affairent à créer des partenariats partout sur la planète, en Europe, aux États-Unis et ailleurs, afin d’être au cœur de la prochaine explosion commerciale majeure : la privatisation de l’espace.

Les projets de réseaux satellitaires ambitieux de SpaceX (Starlink), Telesat (Leo) et autres ne sont que la pointe d’un iceberg orbital qui pourrait valoir, sous peu, quelque 1000 milliards de dollars US. Pas pour rien si le gouvernement américain a confié à son département du Commerce le mandat de gérer ce nouvel espace à la fois physique, économique et stratégique…

Montréal et le Québec en orbite

Au Québec, NorthStar Earth and Space passe sous le radar médiatique, mais son principal dirigeant, Stewart Bain, est bien connu dans le secteur aérospatial, et au-delà. Il est associé de près à Aéro Montréal, l’organisme qui chapeaute cette grappe industrielle. Son entreprise a récemment bouclé un financement de 52M$ auquel ont participé les gouvernements du Québec et du Canada, Investissement Québec, Télésystème et Thalès, notamment.

Dernièrement, il a rencontré le secrétaire au Commerce des États-Unis, Wilbur Ross, pour lui expliquer sa technologie.

Son ambition, sans surprise, est de positionner avantageusement son entreprise, et l’écosystème montréalais qui gravite autour, sur l’échiquier mondial. «On a vraiment pris le temps de choisir Montréal et le Canada pour lancer notre entreprise car on cherchait un endroit qui suscite la confiance à l’international. Montréal a aussi un bassin important de spécialistes dans notre secteur», que ce soit l’aérospatiale ou l’IA. Et avec l’OACI juste à côté, ça ne nuit pas non plus.

«Nous voulons avoir un effet transformateur mondial. Mes enfants s’inquiètent de leur avenir, et je ne veux pas leur laisser une planète qui ne pourra pas être rescapée de toute notre pollution», souhaite-t-il. «Pour Montréal, nous avons le potentiel d’être le Softimage de l’espace, et c’est ce que nous voulons faire.»

Sauver la planète sera déjà un imposant défi. Celui-là est déjà connu, et plusieurs estiment que l’IA jouera un rôle important pour minimiser l’effet des changements climatiques à venir. Ouvrir l’espace à l’activité humaine est une tout autre paire de manches, mais là encore, l’IA risque d’aider à assurer que ça se fasse correctement.

Dans les deux cas, NorthStar Earth and Space compte faire partie de la solution.

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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