Mona-Josée Gagnon, professeur en relations de travail à l’Université de Montréal, admet que la tentation peut être grande pour un employeur d’imposer ses conditions après un an de lock-out. «Un lock-out qui s’éternise annonce un mauvais résultat de la négociation pour le syndicat», dit-elle.
Toutefois, Mme Gagnon précise qu’un syndicat et des employés qui «rentrent la tête basse» et qui sont «humiliés» par le règlement qu’on leur a imposé sont «des employés qui vont être démotivés». Elle soutient qu’un tel résultat «n’est pas dans l’intérêt de l’employeur».
Accepter ou ne pas accepter des concessions
Les membres de la section locale 175 et du SCEP-FTQ soutiennent que «Pétro-Canada refuse de respecter le règlement modèle négocié dans le secteur de la pétrochimie au Canada». Ils soutiennent aussi que Pétro-Canada exige des concessions «majeures» sur des acquis syndicaux, la formation de la main-d’œuvre et en matière de santé et sécurité.
Mona-Josée Gagnon soutient qu’il est légitime pour le syndicat de s’opposer à ces concessions dans un contexte où de plus en plus d’employeurs ont recours à ce genre de demandes. «Ce n’est pas parce que nous sommes dans une tendance de concessions que les syndicats ne doivent pas essayer de s’opposer à cette tendance», dit-elle.
Depuis quelques semaines, le SCEP, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et le Congrès du travail du Canada (CTC) ont amorcé un boycott des stations-service de Pétro-Canada. Pour souligner le premier anniversaire du lock-out et faire connaître leur boycott, les syndiqués ont organisé aujourd’hui des manifestations simultanées dans une vingtaine de stations-service de Pétro-Canada.
Selon Mona-Josée Gagnon, «un boycott peut fonctionner s’il y a vraiment une grande mobilisation et si l’appel au boycottage est extrêmement connu». Ce n’est pas le cas pour l’instant, précise-t-elle.