Aussi, lorsqu'une épicerie Loblaws de la région de Toronto a récemment été aux prises avec un problème de rongeurs, les inspecteurs en santé publique de la Ville n'ont pas hésité à fermer le magasin et à exiger un nettoyage majeur.

Une telle infestation est assez critique pour être déclaré "risque sanitaire", a expliqué Jim Chan, gestionnaire du programme de sécurité alimentaire de la division de la santé publique de Toronto.

"Le problème sanitaire le plus commun auquel on peut penser est la contamination croisée, car lorsque vous observez une infestation importante dans un magasin d'alimentation, que croyez-vous qu'il se produit? La nuit, lorsque l'endroit est fermé, (la vermine) prend les lieux d'assaut", a illustré M. Chan.

La contamination croisée se produit lorsque les rongeurs se sont promenés sur les comptoirs alimentaires, déféquant et urinant partout, a-t-il ajouté. "Le lendemain, lorsque les travailleurs arrivent sans nettoyer ou désinfecter la surface, ils commencent à préparer la nourriture (...). La contamination du comptoir peut alors être transférée sur les aliments."

Avant de se balader sur les comptoirs d'un supermarché, les rongeurs et coquerelles se sont probablement promenés dans les égouts ou les poubelles. S'ils arrivent à entrer dans un supermarché, ils transportent avec eux les saletés amassées à ces endroits.

"Leur corps _ les poils, la queue et les pattes _ est souvent porteur d'agents pathogènes, a souligné M. Chan. Des pathogènes, ça signifie des bactéries dangereuses comme la Salmonella, la campylobactérie ou même l'E. coli."

Les lois obligent les établissements d'alimentation à se doter d'un programme efficace de lutte contre les vermines. Mais éloigner ces bestioles pose un défi même pour les détaillants les plus vigilants.

Selon Greg Baumann, de la National Pest Management Association de Fairfax, en Virginie, les supermarchés contiennent trois éléments recherchés par la vermine: de la nourriture, de l'eau et un abri.

Et pour éviter les interventions majeures rendues nécessaires par une infestation, les détaillants doivent s'assurer de la propreté de leur commerce. "Si le consommateur a l'impression que vous n'appliquez pas les règles de sécurité alimentaires, vous êtes fini, a prévenu John Scott, président et directeur général de la Fédération canadienne des épiciers indépendants. Vous devez être prudent, le consommateur compte sur vous pour l'être."

Jim Chan ajoute par ailleurs que les consommateurs ont aussi un rôle important à jouer dans la prévention des infestations, en gardant les yeux ouverts. Cela ne signifie pas seulement vérifier si une souris ne se promène pas en magasin, comme ce fut le cas au Loblaws de Toronto, mais aussi d'observer la propreté générale des lieux et de s'assurer que l'endroit ne comporte aucun excrément de rongeur ou d'aliments à l'emballage abîmé.