L'électricien, l'éthicien et l'esthéticien: une question d'efforts et de volonté

Publié le 05/02/2010 à 12:09

L'électricien, l'éthicien et l'esthéticien: une question d'efforts et de volonté

Publié le 05/02/2010 à 12:09

Il y a quelques années, lors d’une conférence que je m’apprêtais à prononcer, le Maître de cérémonie m’avait présenté comme « électricien » au lieu d’éthicien, avant de réaliser son lapsus qui avait entraîné un fou rire général.

En 2010, personne ne confond plus éthicien et électricien mais une certaine confusion demeure toujours entre les rôles d’éthicien et d’esthéticien. Je m’explique. L’éthicien, par essence, est préoccupé par le « juste », par la justesse appliquée. Il travaille, par ses actions, son exemplarité et ses conseils à aider les gens qui l’entourent à mieux décider dans l’incertitude.

En 2010, ce concept est déjà plus connu qu’il y a dix ans. Les médias et les scandales aidant, tous les gestionnaires et dirigeants ont maintenant le mot « éthique » à la bouche : « Je veux de l’éthique », « il faut agir de manière éthique », « il nous faut une bonne éthique de travail » et le classique « pondez-moi un code d’éthique »… Ces demandes, parfois paradoxales en apparence, sont généralement fondées sur un certain désir de « mieux-faire », d’être plus juste. Ces démarches impliquent nécessairement une part de réflexion sur le contexte de l’organisation ou de la société. Ces dirigeants bénéficieront grandement de l’aide d’un éthicien.

Les dirigeants du deuxième type ajouteront qu’ils aimeraient aussi agir de manière plus juste, mais jusqu’à un certain point ou, pour être plus précis, jusqu’à un certain coût… Certains de ces dirigeants pourraient bénéficier de l’aide d’un éthicien, jusqu’à un certain point…

Devant les exigences éthiques du marché ou de leur secteur d’activités un troisième type de dirigeants se satisfera plus facilement de simplement « avoir l’air de Bien Faire » plutôt que de réellement Bien Faire. Pour ces dirigeants du troisième type, démontrer un souci éthique sera suffisant, ils ne verront aucune nécessité à la réflexion, à la planification ou à la pratique de l’éthique. « Tant qu’il y a un code, les employés suivront bien », croient-ils…

Ce dernier type de dirigeants constitue encore de nos jours la catégorie la plus importante en nombre. Ces dirigeants ne sont pas intéressés par la justesse ou par l’éthique; ils ne sont intéressés que par « avoir l’air éthique », ils ne sont intéressés que par ce qui brille, par ce que nous appelons l’éthique de vitrine. Comme son nom l’indique, c’est beau, ça brille, mais tout n’est qu’une apparence, une illusion… Cette dernière catégorie de dirigeants n’a pas besoin d’éthiciens, elle n’a besoin que d’esthéticiens…

Alors, que penser de la migration d’électricien à éthicien à esthéticien?

Voulez-vous « Bien faire » ou voulez-vous simplement avoir « l’air de Bien faire »?

C’est votre choix.

Pensez-y bien.

Les conséquences seront aussi les vôtres.

 

Institut québécois d’éthique appliquée

 

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