La Grèce fera défaut !
C’est ce que de plus en plus d’experts renommés affirment, et pour certains cette affirmation tient, que l'on prête de l'argent ou non à la Grèce. Notez que la Grèce a un remboursement de dette à effectuer le mois prochain. Un défaut de paiement tente d'être évité.
Certains de ces experts affirment aussi qu’elle devrait être laissée à elle-même et ne pas bénéficier d’aide de d’autres pays. S’il le faut, elle devrait être sortie de l’Euro et reprendre sa propre monnaie.
Alors dites-moi … vous personnellement, combien d’impôts supplémentaires êtes-vous prêts à payer en 2010, 2011 et 2012 alors que la Grèce sera en défaut sans aide ? Combien de dette additionnelle le Canada et le Québec devraient-ils émettre pour aider ce pays ?
Et combien êtes-vos prêts à contribuer en augmentation de taxes et d’impôts pour aider l’Espagne, l’Irlande, le Portugal, l’Italie … et l’Angleterre peut-être ?
On parle pas ici des pays de l’est de l’Europe qui font déjà défaut ou le feront bientôt.
Et l’Argentine, combien avez-vous dans vos épargnes pour sauver l’Argentine au besoin ?
Et le Québec qui a un fort déficit, et un retard incompréhensible dans l’infrastructure routière, dans l’éducation et la santé, et les garderies, (NOTE : l'échangeur Trurcot est très sécuritaire dans la voie du centre) etc.
Oups … c'est vrai, on a nos bébelles à payer nous aussi ... et que nous ne sommes même pas capables de payer aujourd'hui. Peut-être pour ça que nos mégaprojets et chantiers sont toujours reportés. On n'a pas les moyens chers amis de se payer le nécessaire (ce que nous considérons nécessaire).
Et si la Russie avait besoin d’un peu de support économique, pourriez-vous écrire un chèque, après en avoir écrit Haïti, l’Éthiopie et plusieurs pays d’Afrique ?
Bon ça va faire la petite illustration ? Pas encore …
Et si quelques-uns prêtent 60$ milliards à la Grèce sous forme d’une ligne de crédit utilisable au besoin, est-ce que ça augmente les chances que la Grèce va rembourser ses autres dettes qu’elle n’a pas les moyens de payer aujourd’hui en plus de la nouvelle dette ? Est-ce que ça équilibre son budget ? Et nous, sommes-nous capables d'équilibrer notre budget ?
J’essaie d’illustrer le fait que ceux à qui on demande d’aider ont, pour la plupart, besoin d’aide eux-mêmes, ou en auront besoin bientôt.
Et d’ailleurs, qu’est ce que les Grecs pourraient faire de plus avec cette nouvelle dette, ce nouvel argent, qu’ils n’ont pas réussi à faire depuis 5 ans … depuis 10 ans ??? Quels investissements faits avec cet argent prêté seraient assez profitables pour rembourser le tout et les intérêts, en plus de combler les déficits et les besoins futurs ?
Réponse : Il faudrait qu’ils acceptent de couper leurs dépenses et réduire le rythme de vie. C’est ce que l'Allemagne veut avoir come promesse : Que la Grèce s'engage à réduire le rythme de vie de ses citoyens pour rembourser la dette.
Si vous êtes d’accord avec moi à ce sujet, alors vous devriez réaliser que c’est ce que tous les pays devront faire, de gré ou de force, au cours de la prochaine décennie. Oui effectivement ce sera fait, au mieux, au cours de la prochaine décennie. Le Japon y travaille depuis 20 ans et en est au même point que nous...
Sinon, si nous ne coupons pas les dépenses, la boule de neige que nous avons tenté d’édifier en roulant la neige vers le haut de la montagne va nous écraser en faisant marche arrière. Si elle repart de son propre chef, nous ne pourrons pas l'arrêter ensuite. Nous devons dès maintenant la stabiliser, l'arrêter et la défaire en petits morceaux avant qu'elle ne nous tombe dessus. La croissance ne règlera pas les problèmes actuels car c'est notre incapacité à continuer de croître, combinée à notre désir de croire en une illusion de croissance infinie qui a causé note crise et nos problèmes.
Notre économie a été bâtie depuis 30 ans sous l'hypothèse que la croissance est absolument nécessaire à chaque trimestre et que la croissance résout tous les problèmes. Il est bon de s'endetter pour créer de la croissance car c'est cette même croissance qui permettra de rembourser la dette. Ce raisonnement a été appliquée sous la fausse prémisse que la croissance est toujours plus puissante que le risque causé par l'endettement et la spéculation. En réalité, elle l'est la majorité du temps, mais pas toujours … et la dette nous soumet à des limites physiques de remboursement à des dates précises.
Au point où nous en sommes dans la plus grande crise financière de style Ponzi de l’histoire, chaque jour où nous refusons de faire le ménage, de prendre nos pertes et de réduire notre rythme de vie, chaque jour de plus à reporter l’inévitable nous créera plusieurs jours de pauvreté dans le futur.
Si nous avions accepté de faire un bon ménage dans l’économie et les finances en 1996 alors que Greenspan nous avertissait contre le « irrational exuberance », et alors que l’économie devenait de plus en plus financée et spéculative, ou au pire si on avait « fini la job » en 2003 en ne créant pas la bulle immobilière pour créer de l’activité économique superficielle avec encore plus de dette, hé bien nous n’aurions pas eu une telle crise financière, le ménage serait maintenant terminé et nous serions à l’aube d’une belle période de croissance future avec un niveau de risque beaucoup plus bas dans l’économie et dans nos finances personnelles, corporatives et gouvernementales.
La culture de plaisir immédiat a remplacé toute planification… La mentalité d’avidité a été détruite par l’appât du gain facile, spéculatif et artificiel.
Nos entrepreneurs, créateurs de business et de technologies préfèrent bâtir des compagnies dans le but de les revendre le plus vite possible plutôt que de les faire croître à long terme. Ils préfèrent emprunter plutôt que d’investir leur propre capital.
Comme une maison bâtie pour vendre est habituellement de moindre qualité qu’une maison bâtie pour habiter, notre économie est beaucoup plus fragile… et beaucoup plus endettée.
Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On prête à la Grèce ou non ?
Paul Dontigny jr, M.Sc., CFA
