Comment faire 80M$ en 2 ans de travail?

Publié le 30/11/2011 à 14:17, mis à jour le 24/02/2012 à 11:55

Comment faire 80M$ en 2 ans de travail?

Publié le 30/11/2011 à 14:17, mis à jour le 24/02/2012 à 11:55

Image prise du site web de Hunch

BLOGUE.

Vous démarrerez une entreprise dans le secteur numérique dont la vocation sera de développer et de commercialiser un réseau social basé sur les affinités des utilisateurs. Vous nommerez sur votre conseil d’administration quelqu’un comme Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia. Ce réseau aura l’objectif d’offrir une expérience unique de découverte du web en offrant un fil de recommandations d’achats basées sur les préférences déclarées des utilisateurs. Vous publierez les données agrégées via votre service, ce qui servira de tremplin de communication pour diffuser votre marque. Vous développerez un partenariat avec des détaillants en lignes d’envergure qui utiliseront votre technologie en marque blanche pour personnaliser l’expérience d’achat sur leur site web. L’adhésion à votre service prendra de l’ampleur jusqu’à atteindre plus d’un million d’utilisateurs. Vous lèverez 19M$ en financement privé pour développer votre entreprise et puis… vous vendrez votre entreprise à un de vos partenaires en ligne qui paiera la rondelette somme de 80M$.

Difficile ? C’est exactement ce que Hunch vient de faire cette semaine. Pour ceux qui ne connaissez pas l’entreprise, voici une brève description de la réussite de ce groupe new-yorkais.

Pour me suivre sur Twitter: @patrickgagne

Le service Hunch a été mis en ligne en 2009 par les fondateurs qui n’en étaient pas à leur première aventure d’entrepreneuriat ; Chris Dixon était un ange financier et Catherina Fake, la co-fondatrice de Flikr acquis par Yahoo!. Hunch se définit comme un système de recommandations qui sont structurées en onze catégories  (dont Art et Design, Manger/boire, Ciné/télé) et qui sont personnalisées en fonctions d’un profil que l’utilisateur a construit à l’aide d’un processus de questions que Hunch a baptisé « l’arbre décisionnel ». Le système construit ensuite à la volée une page web personnalisée.

Le modèle d’affaire a été centré sur 3 sources de revenus :
1. les commissions sur les ventes générées comme affilié à d’autres sites comme Amazon
2. la vente et la diffusion de rapports de données agrégées
3. la vente sous licence de sa technologie en marque blanche

Rapidement, Hunch a amassé des adhérents sur plusieurs fronts.

Pour l’utilisateur, l’expérience de Hunch est très intéressante. Le processus d’inscription au service est simple et nous initie à la démarche de personnalisation du service ; une série de questions ludiques nous est servie en rafale et on peut y répondre de façon tout à fait volontaire. Ces questions permettent de raffiner le service et de personnaliser les recommandations d'achats qui défilent comme dans le "fil de nouvelles " de Facebook. On peut raffiner les recommandations davantage en fournissant notre appréciation des suggestions faites par Hunch. On peut également se créer un réseau en fonction de nos goûts, ce que Hunch a nommé le « Taste Graph ».

Pour un groupe comme eBay, l’engin a rapidement généré un grand intérêt. La possibilité d’utiliser la technologie de Hunch pour mettre en œuvre une expérience d’achats personnalisée qui prédit les prochains achats basés sur les affinités des utilisateurs. L’engin de Hunch sera intégré aux recommandations d’eCommerce d’eBay qui lui, est basé sur les transactions des utilisateurs. Clairement, l’entreprise souhaite rivaliser avec Amazon sur le plan de la personnalisation de l’expérience d’achats.

Pour eBay qui génère 11,5 MM$ de revenus avec une marge bénéficiaire de 18%, cette acquisition de 80M$ est un petit montant somme toute. L’offre faite à Hunch serait de 25% supérieure à celle que Google aurait déposé en 2010. Un bon moment pour l’acheter? Certes. Une acquisition stratégique? Absolument.

La personnalisation s’avère être le nerf de la guerre en ligne. Faudra s’attendre à voir d’autres joueurs emboiter le pas à Amazon dans cette lutte. Amazon est aujourd’hui non seulement le plus grand magasin en ligne au monde, l’entreprise est aussi une des plus avancées. Dans son modèle de personnalisation, elle a su intégrer les données déclarées par les individus (nos affinités dérivées des appréciations que nous avons fournies), aux données transactionnelles (les produits que nous avons achetés) aux données comportementales des individus (les liens sur lesquels on clique sur les pages web ou dans les courriels).

Faut voir maintenant ce que eBay fera de son nouveau joujou pour rivaliser dans l'avenir.

À la semaine prochaine !

Le Buzzword de la semaine : "Cloud Computing" ou « informatique en nuage ». On entend cette expression partout dans le secteur numérique. C’est tout simplement un mode de fonctionnement en informatique qui consiste à faire résider des données et des traitements informatiques sur des serveurs à distance au lieu d’être hébergés sur des serveurs locaux ou sur le poste d’un utilisateur. On a déjà utilisé d’autres termes comme « informatique virtuelle » dans un passé pas trop lointain. Le concept n’est pas une innovation technologique. L’engouement récent pour ce concept est la conséquence d’un changement de comportement des individus qui acceptent plus facilement aujourd’hui que leurs données résident ailleurs que sur leurs ordinateurs (ex. iCloud pour les morceaux de notre discothèque iTune); et, par conséquent, des entreprises qui acceptent que leurs données sensibles soient hébergées ailleurs que dans leurs propres systèmes (ex. Salesforce.com pour les forces de ventes).

À propos du blogue "Horizons Numériques"
Nous sommes au cœur d’une révolution numérique où les changements bouleversent le monde du marketing et des communications, et aussi la vie de tous les jours. Comme je suis en général assez méfiant des modes technos (ou « hype »), je garde un regard toujours critique sur les nouvelles tendances qui se créent.
Dans ce blogue, je ferai donc état des tendances dans le secteur numérique et donnerai une perspective critique sur les événements qui se déroulent et les modes technos qui se créent à tous les jours, en les rattachant à des perspectives d’affaires.
Je tenterai aussi de faire des projections d’avenir de temps à autres, question de me « mouiller » un peu. Je vous inviterai à en faire autant. Nous verrons bien avec le temps qui aura eu raison ;-)

J’occupe le poste de directeur principal, stratégie numérique chez TC Media
Pour me suivre sur Twitter: @patrickgagne

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