Dwolla : la PME techno qui veut battre VISA

Publié le 23/11/2011 à 11:23, mis à jour le 25/11/2011 à 13:59

Dwolla : la PME techno qui veut battre VISA

Publié le 23/11/2011 à 11:23, mis à jour le 25/11/2011 à 13:59

Image prise du site web de Dwolla

Cette semaine, je vous présente Dwolla, un nouveau service de paiement en ligne créé à Des Moines Iowa en 2009. L’ambition du fondateur de l’entreprise est d’envergure : révolutionner le marché de la transaction par carte ou en ligne chez un commerçant et devenir le prochain VISA. Voici l’histoire classique du nouvel intrant qui menace les fondements d’un marché établi. Dans ce cas, nous parlons d’un marché où les barrières à l’entrée sont érigées par des entreprises très costaudes et solidement établies : les institutions financières.

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Un modèle qui brasse la cage
Le marché de la transaction commerciale représente 45MM$ aux États-Unis seulement. Le montant est constitué de la somme de tous les prélèvements faits par les institutions financières sur chaque transaction effectuée dans les commerces. En général, il y a un frais fixe par transaction (0,25$ - 0,30$) et un pourcentage (1%-4%) de la transaction facturée au commerçant. Plus la somme est importante, plus le prélèvement fait par les VISA et MasterCard sera élevé.

Or, le modèle de Dwolla est sans détours : offrir un moyen simple de faire une transaction directement entre une entreprise et son client, sans frais aucun pour ce dernier. L’argent transite tout simplement entre le compte bancaire et le compte marchand par le biais d’un pont sécurisé qu’a développé Dwolla. Aucune carte de débit ni de crédit n’est nécessaire. L’argent ne fait pas non plus l’objet de frais de crédit. Pour sa part, le commerçant se trouve à payer un frais fixe par transaction de 0,25$ seulement. Aucun % n’est prélevé sur la transaction. Ceci représente un avantage majeur et une menace pour une industrie dont la machine est déjà très bien huilée.

La différence avec PayPal ou Square, c’est que le service offert par Dwolla ne repose pas sur le réseau de cartes de crédit établis. Dwolla est en voie de bâtir son propre réseau. La valeur moyenne par transaction passant par le service Dwolla est de 500$. Dans ce cas de figure précis, PayPal percevrait 2,9% de la transaction en sus du frais de 0,30$. Dwolla perçoit 0,25$ seulement.

Même si la majorité de ses revenus proviennent des transactions entre individu et commerçant, Dwolla ne se limite pas seulement à ce segment. 11% de ses transactions sont d’individu à individu et l’entreprise soutient qu’elle se débrouille très bien du côté des transactions d’entreprise à entreprise.

L’entreprise offre aussi un service de transfert d'argent de personne à personne. De plus, elle offre un service de transfert par téléphone intelligent qui permet de localiser les entreprises devenues membres du réseau Dwolla et d’y faire une transaction directement dans le commerce par le biais du service Dwolla.

Le bénéfice pour l’individu
Les bénéfices pour le commerçant sont évidents. Qu’en est-il vraiment pour l’individu ? En quelques mots, c’est la simplicité dans l’action de transférer de l’argent à une entreprise ou à un individu. Cette simplicité repose sur le fait qu’il n’y a plus d’intermédiaire, que ce soit en magasin ou en ligne. L’argent transite entre notre compte bancaire et l’entreprise. Aussi, faut-il ajouter que le service Dwolla encourage les gens à dépenser l'argent qu'ils ont dans leur compte en banque, et non d'acheter à crédit. 

De plus, Dwolla cherche à rendre ce transfert d’argent aussi simple que celui de se faire un ami dans Facebook. 

Au-delà de la simplicité, l’initiative de Dwolla a un très grand mérite : le courage d’affronter les institutions financières dans un marché qui semble a priori absolument impénétrable. L’entreprise s’attaque à la création d’un réseau de paiement à partir de rien. Ce genre d’audace m’impressionne beaucoup.

Aujourd’hui, près de 1M$ en valeur de transactions transite à chaque jour sur le réseau de Dwolla, qui prélève 0,25$ par transaction. À 500$ en moyenne par transaction, on obtient donc 2 000 transactions par jour et un chiffre d’affaires quotidien approximatif de 500$ par jour. Ça fait donc autour de 180 000$ de revenus annuels. Un maigre revenu pour l’instant, mais un modèle qui fait parler beaucoup et qui agace les institutions financières. Reste à voir comment ces dernières réagiront : quelles sont vos prédictions?

Cette semaine, comScore a publié des statistiques troublantes : le nombre de demandes de nouvelles cartes de crédit au troisième trimestre 2011 a surpassé le plus haut volume de demande trimestrielle depuis 2008. Ce n’est certes pas un marché en déclin.

À la semaine prochaine !

Le Buzzword de la semaine : Je trouve que le mot « Stratégie » est très galvaudé dans notre univers d’affaires et plus particulièrement en marketing et en communication. Il est souvent confondu avec tactique et est employé à tort pour désigner des opérations court-terme (ex. « une stratégie pour une campagne médias sociaux »). La stratégie au sens strict et étymologique nous vient de la jonction de deux mots grecs : stratos (armée) et ageîn (conduire). La stratégie réfère à un enjeu plus global et a une portée plus long terme (« gagner la guerre »), alors que la tactique renvoie à un enjeu plus petit, plus local et a un impact plus limité dans le temps (« gagner la bataille »). Enfin, la Stratégie devrait traiter d’enjeux qui ont un impact profond sur l’entreprise et chercher à atteindre des objectifs de rendement (croissance de revenus ou réduction de coûts).

À propos du blogue "Horizons Numériques"
Nous sommes au cœur d’une révolution numérique où les changements bouleversent le monde du marketing et des communications, et aussi la vie de tous les jours. Comme je suis en général assez méfiant des modes technos (ou « hype »), je garde un regard toujours critique sur les nouvelles tendances qui se créent.
Dans ce blogue, je ferai donc état des tendances dans le secteur numérique et donnerai une perspective critique sur les événements qui se déroulent et les modes technos qui se créent à tous les jours, en les rattachant à des perspectives d’affaires.
Je tenterai aussi de faire des projections d’avenir de temps à autres, question de me « mouiller » un peu. Je vous inviterai à en faire autant. Nous verrons bien avec le temps qui aura eu raison ;-)

J’occupe le poste de directeur principal, stratégie numérique chez TC Media
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